Actions de protestations dans les centres fermés

Février 2024

Centre fermé 127 bis

Grève de la faim massive

Dans une aile du centre fermé 127 bis à Steenokkerzeel, en réaction à leur détention et aux conditions inhumaines dans lesquelles ils sont détenus, certaines personnes tentent de former un syndicat. Pour mettre à mal ce mouvement de mobilisation et de revendication, ils subissent des répressions et de la censure. Il est alors particulièrement difficile d’être en contact avec eux. Ils parviennent toutefois à nous faire savoir que, suite à cela, 35 personnes débutent, le 10 février, une grêve de la faim. Ils demandent à renconter l’Office des étrangers en personne et réclament la liberté de toustes ! Le 13/02/2024, dans une deuxième aile du centre fermé 127bis, 28 hommes entament également une grève de la faim, contre leur détention  et par solidarité.

Les employé.es ne semblent d’abord pas se préoccuper de leurs revendications ni de leur état de santé : “La sécurité n’en a rien à foutre et nous regarde comme des bêtes”. 

Le 19/02/24, de nombreuses personnes détenues sont encore en grève de la faim. Face à l’absence de réaction et prise en considération de ce qu’ils vivent, ils tentent alors d’autres moyens de revendications. En réaction à ces mouvements de protestation et par crainte de l’ampleur que cela pourrait prendre, le 127 bis fait venir la police. Certaines personnes sont expulsées et beaucoup d’autres ont été mises au cachot puis transférés dans d’autres centres centres fermés. Ces personnes sont toujours en isolement. Quelle liberté d’expression et de manifestation reste-t-il à ces personnes dont les droits sont sans cesse bafouer ?! 

Ils témoignent : 

“On a le droit de rien”

“Aidez nous on va mourir. C’est de la torture madame”

“Il y a des gens qui ont des papiers, qui payent des taxes, ils ont rien à faire ici”

“Ils ramènent 10 [nouvelles] personnes pour en lâcher 5, parfois ils ramènent 5 [nouvelles] personnes pour en lâcher 2 ou 3”.  

C’est le système du centre qui pousse les gens à faire des conneries dehors quand ils sortent, à devenir des criminels”.  

Un mineur détenu au 127 bis

Un jeune de 16 ans a été violemment arrêté à l’Office des étrangers et est détenu au 127 bis, depuis le 7 février. Un recours contre sa détention a été introduite mais ne semble pas encore avoir abouti. Ce samedi 24 février, il est toujours en détention et heureusement soutenu par ces co-détenus.

Centre fermé de Caricole

Action de protestation collective

Une personne détenue à Caricole nous relate les violences physiques et verbales  qu’il a subies lors d’une tentative d’expulsion : Les policiers l’ont mis dans une pièce noire et lui ont dit “tu vas retourner, on va te forcer, tu vas voir”. Ils lui donnent des vêtements et une vingtaine de minutes plus tard, 5 policiers entrent, le menottent, lui attachent les pieds et tentent de le mettre dans la camionnette. Il tombe à deux reprises sur le dos. Un policier lui attrape les mains, le soulève. On le frappe au pied, derrière la fesse. Arrivés à l’aéroport, le pilote et un employé de la compagnie aérienne s’opposent à ce qu’il embarque. Il reçoit à nouveaux des coups : deux sur les bras. Il ne pouvait plus bouger. 

En réaction à ces violences policières subies par une personne , des co-détenu.es avaient entrepris une action de protestation collective qui visait tant à dénoncer les violences perpétuées durant les expulsions mais également le manque de soutien juridique ainsi que l’absence de soins et de prise en charge médicale au sein des centres fermés.  (https://www.gettingthevoiceout.org/une-action-de-protestation-collective-rare-au-centre-ferme-caricole-apres-des-violences-policieres/). 

Le 13 février, de nombreuses personnes se sont rendues devant les centres fermés du Caricole et du 127 bis pour montrer leur solidarité et crier leur soutien. https://stuut.info/Solidarite-avec-les-grevistes-de-la-faim-en-centres-fermes-3238

Contacté par les journalistes, l’Office des étrangers nie, comme trop souvent, la réalité de ce qui est vécu et dénoncé par les personnes détenues ! 

Témoignage d’une dame au Caricole

“Devoir fuir son pays pour des raisons graves et se retrouver dans une prison dans un pays ou tu as personnes, c’est dur.”

Centre fermé de Bruges

Au centre fermé de Bruges aussi, les personnes détenues nous font part de leur grand isolement et du manque de soins de base. Récemment, ils nous disent d’ailleurs que de nombreuses personnes ont contracté la gale et qu’il y a un manque cruel de soins et suivis médicaux. 

Témoignage de vie à Bruges d’un détenu par une personne qui y appelle quelqu’un : “M. s’appelle à présent alpha12. Les noms et prénoms des détenus ne sont plus utilisés. Il dort en dortoir de 20 personnes avec des checks de vêtements plusieurs fois par jour. L’horaire est très stricte. Lever 8h, déjeuner, passage de temps (enfin « activités »), manger, passage de temps, manger et couvre-feu à 22h30 (après un dernier check vêtements). Le tout agrémenté de 2×30 minutes de sortie à l’extérieur (cours interne d’un vieux bâtiment – en soi très joli – dans laquelle plusieurs zones (3?) de petites tailles s’articulent entourées d’énormes clôtures sécurisées). Visites: contrôle ++. D’abord enlever tout vêtements superflus. Retirer les chaussures. Passage sous le portique. Fouille corporelle, massage des pieds (on ne sait jamais qu’on y colle de la drogue ou autres). Pour le visité, check des vêtements après la visite. Possibilité de « special room ». Après, check vêtements poussé. Le « visité » doit se mettre nu, faire des génuflexions. “

Centre fermé de Merksplas :

Messages reçus :

“Je vous donne mon nom au cas où je disparais”

“Je compte sur vous pour rapatrier mon corps auprès de ma maman au Maroc”

Un homme perturbé se déshabille complètement au préaux. Le détenu dit au gardien “il est malade ce monsieur”, et le gardien de répondre “non, il fait son malin”. Résultat : cachot.

“Si tu réagis a une remarque désobligeante d’un gardien, tu reçois un avertissement. Au troisième avertissement, c’est cachot”.

#Stopauxcentresfermés

#Liberté

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