Suite à une promenade visant à soutenir les détenus au centre fermé 127 bis, nous avons pu recueillir les témoignages de certains détenus. Les conditions de détention et de vie sont toujours aussi alarmantes :
– Un homme ghanéen est en grève de la faim depuis plus d’un mois et en très mauvais état. Le 3 octobre, des codétenus nous alertaient sur sa situation : “il ne sait plus marcher, il est comme un squelette. Il va mourir.” Nous avons appris ce 4 octobre qu’il avait été hospitalisé à cause de son état de santé et tenterons d’avoir de ses nouvelles au plus vite.-
Dix autres personnes sont en grève de la faim depuis 5 jours (voir lien sur notre site)
Un homme, originaire du Mali, ayant un titre de séjour en Espagne valable jusque 2024, a été maltraité et frappé par son escorte composée de six policiers lors d’une tentative d’expulsion vers le Mali.
-Alors que les températures sont en chute, il n’y a plus de chauffage. L’accès à internet, pourtant indispensable pour bon nombre de démarches administratives et juridiques, est très limité depuis au moins un mois.
– Aucun dialogue avec la direction du centre n’est possible.
– La nourriture est comme d’habitude de très mauvaise qualité et les portions sont restreintes.
Ces injustices, les maltraitances répétées et quotidiennes, la dégradation sanitaire à l’intérieur des centres fermés amplifient un sentiment de colère chez les personnes enfermées.
Nombreux sont ceux qui ne trouvent plus les mots pour décrire la situation. Ils ne se sentent pas considérés comme des êtres humains.
“Nous ne sommes pas des animaux” ont pu entendre les militant·e·s présent·e·s ce dimanche.
En plus de tout cela, ils sont dans l’incompréhension des motifs de leur détention et ne comprennent pas pourquoi on veut les arracher à un pays qu’ils considèrent comme le leur.
Il y a également des personnes qui sont enfermées depuis de nombreux mois et qui n’en voient pas le bout. Quotidiennement, ces personnes sont oubliées, marginalisées. Pourtant elles existent et ne demandent qu’à être entendues pour qu’enfin on puisse se rendre compte de ce qui se passe derrière les grillages des centres fermés : les personnes migrantes sont enfermées, baillonées, frappées, insultées . Un détenu criait d’ailleurs à travers les grilles de sa chambre: “on peut mourir ici, personne n’en saura rien, tout le monde s’en fout “
Il est grand temps que tout le monde prenne conscience de la violence de nos frontières racistes et de la politique migratoire qu’impose l’Etat et son administration, la police agissant aux frontières et sur le territoire ainsi que les juridictions dites compétentes du pays.
Continuons à faire en sorte que ces personnes puissent être entendues par tout un chacun et utilisons tous les moyens pour y arriver.
Ils sont très solidaires entre eux dans le centre et revendiquent la liberté de tou·te·s. Plusieurs nous communiquent leur volonté que leurs revendications ainsi que leurs conditions d’existence, voire de survie, puissent être traitées urgemment par des journalistes.
Quelques paroles des détenus :
- “C’est plus normal ici , on n’est plus des êtres humains”-
- “J’ai pas de mots pour vous décrire la situation”-
- ” L’homme en Grève de la faim depuis 1 mois est un squelette. Il sent la mort”
- “On est en Europe, en Belgique le pays le plus riche du monde? Pays des droits de l’homme ?”
- “8 mois en centre fermé et mon pays ne donne pas de Laissez passé. ils le savent très bien’
- “Ceux qui veulent partir on les laissent ici, ceux qui ne veulent pas partir on les expulse”
- ” Nous sommes maltraités car étrangers, pourquoi maltraités ?”
- “Notre seul solution gréve de la faim ?”
- “Vous devez parler avec les droits de l’homme”
- “On est mentalement cassé! Qu’est ce qu ‘on peut faire? Qu’est ce que vous pouvez faire?”
- “Appeler les médias svp”
- ” Solidarité avec Junior.”
Ce 06/10/2021 les gréviste de la faim sont progressivement transférés dans d’autres centres afin de les séparer et de casser le mouvement
et en France : Résistance collective à une expulsion : https://abaslescra.noblogs.org/resistance-collective-a-une-expulsion-dans-le-cra-de-vincennes/