AUDIO 127 bis . Un détenu témoigne de la cruauté et de l’absurdité du système de protection internationale, des conditions de vie dans les centres et de la violence des expulsions forcées. 13/02/2022

“Bonjour, je voulais expliquer les choses qu’on traverse ici dans ce centre. La majorité des gens qui sont là on est tous venus, on a fui soit… il y a des gens qui ont fui la mort, des gens qui ont fui la maltraitance. Tout le monde a des raisons de quitter son pays natal. On est venus en Belgique, on a demandé l’asile, on a demandé la protection, on a tout demandé ici et toujours toujours c’est la même……..”

AUDIO ICI (FR)

Transcription du message :

“Bonjour, je voulais expliquer les choses qu’on traverse ici dans ce centre. La majorité des gens qui sont là on est tous venus, on a fui soit… il y a des gens qui ont fui la mort, des gens qui ont fui la maltraitance. Tout le monde a des raisons de quitter son pays natal. On est venus en Belgique, on a demandé l’asile, on a demandé la protection, on a tout demandé ici et toujours toujours c’est la même. Nos avocats, on nous impose des avocats pro deo, on nous donne des avocats qu’on ne, qu’on n’arrive pas à communiquer avec eux. Ils nous préparent pas, ils ne viennent pas nous voir, rien du tout. On est enfermés dans ce centre parce que juste on veut vivre normalement, comme tout le monde, ce qu’on a pas pu vivre chez nous là bas. Il y a des homosexuels, dans leur pays natal, c’est interdit, c’est tué, c’est châtié. Le châtiment c’est grave dans leur pays. Ils ont dépensé tout l’argent qu’ils avaient, déjà qu’ils ont même pas d’argent. Ils fuient leur pays, ils viennent ici pour s’abriter du danger qui est là bas dans leur pays natal. Moi par exemple j’ai fui la mort, j’ai ramené un rapport médical, j’ai ramené des photos, tout, tout, des preuves solides. Plein de gens ici ils ont des preuves solides. On vient, on nous dit : « oui, attendez, on va vous donner un avocat ». L’avocat il est jamais joignable. La situation qu’on vit psychologiquement elle est.. On est vraiment mal. On est mal au point que les gens ici ils parlent de se suicider. On ne savait pas que ça allait être comme ça sinon on allait pas fuir pour venir en Belgique. On allait fuir pour venir dans un autre pays de l’Union européenne. Il y a plein de gens, ils sont arrivés en Espagne, en France, ils restent 2-3 jours. Ici il y a des gens qui sont là depuis 8 mois, 7 mois. Ici il y a un gars il a peur de dire son vrai âge, c’est un mineur. Tous, chaque personne dans ce centre, il a une raison de quitter, on ne peut pas quitter chez soi pour venir juste pour le plaisir ici. Non, chacun il a fui soit la mort, soit… La majorité c’est la mort qu’ils ont fui, ou la torture. L’aide qu’on reçoit c’est enfermé dans un centre, on nous réveille à 8h du matin pour prendre le petit déjeuner. Si tu n’es pas là dans 15 min le petit déjeuner c’est fini pour toi. A 11h tu vas prendre le déjeuner. Si tu n’es pas là de 11h à 11h30 ou bien de 11h30 à midi, c’est fini, tu vas plus prendre de déjeuner. Les gens ils font des grèves de la faim, on s’en fout d’eux. « Allez-y, mourrez si vous voulez ». Nous on fuit l’esclavagisme, on vient ici, c’est de l’esclavagisme moderne, c’est de l’esclavagisme moderne qu’on a ici dans les centres. Les assistantes sociales qui sont là elles nous aident pas. De toute façon on a parlé avec la directrice, elle nous a dit : « ça c’est pas des assistantes sociales qui travaillent pour vous, ça c’est des agents de rapatriement.” Des congolais ici. Des congolais ici, cinquante congolais ou je sais pas combien on les a foutus dans un avion militaire pour les retournés au Congo. Comme des moutons on les a pris le soir sans rien leur dire, sans les prévenir. On les met dans des cachots, des cellules d’isolement. Le lendemain on vient les embarquer dans des bus et on les emmène à l’aéroport. Hop! Rentrez dans l’avion. Hop! Rentrez chez vous. Alors qu’ils ont fait 16 ans, il y en a d’entre eux qui ont fait 16 ans, 17 ans en Belgique. Ils ne connaissent pas le Congo, ils sont venus ici très jeunes. On nous prend nos téléphones, parce qu’ils peuvent pas nous laisser nos téléphones, si on nous laisse nos téléphones avec les caméras tout le monde saura ce qui se passe ici. Mais ils nous laissent pas nos téléphones et ils nous laissent rien du tout. C’est pour nous enfermer et nous priver de nos lois et de nos droits. Et ils nous donnent des avocats qui sont pas là pour nous, ils sont pour eux. “

pour plus d’infos : Résistance dans les centres fermés

Ce contenu a été publié dans Nouvelles des centres, Politique migratoire, Récits de luttes, Témoignages audio, avec comme mot(s)-clé(s) , , , . Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.