L’Union européenne vient de publier son bilan de l’opération Mos Maiorum, gigantesque opération de rafles à travers l’Europe menée du 13 au 26 octobre par 27 pays et coordonnée par Frontex. Plus d’infos ici
Le rapport du conseil de l’Europe est disponible ici (en anglais)
Au total, 19.234 personnes ont été arrêtées, contrôlées et interrogées lors de cette opération dont l’objectif était de collecter diverses informations sur les migrant.e.s et les “nouvelles routes de l’immigration”, en vue de renforcer les politiques contre l’immigration. 257 personnes considérées comme “passeurs” ont également été arrêtées.
Plus de 6.002 contrôles ont eu lieu lors de ces deux semaines, dont 1.538 aux frontières extérieures, conduisant à l’arrestation de 9.890 personnes et 4.464 à l’intérieur du territoire européen, lors desquels 9.344 personnes ont été arrêtées. Les bons élèves de la guerre aux migrant.e.s sont l’Italie (5.954 personnes contrôlées), l’Allemagne (3.683 personnes contrôlées), la Hongrie (3.075 personnes contrôlées), l’Autriche (1.219 personnes contrôlées) et le Royaume-Uni (995 personnes contrôlées). Les pays où il y a eu le moins de contrôle sont la Lettonie, l’Estonie et la Suisse (ce qui ne veut pas dire que ces pays sont plus “accueillants” que les autres).
Le nombre de personnes contrôlées est bien plus important que lors des précédentes opérations : en 2013, lors de l’opération Perkunas (deux semaines en septembre-octobre), 10.459 personnes avaient été arrêtées et en 2012, lors de l’opération Aphrodite, 5.298 personnes.
Une grande partie des personnes arrêtées sont originaires de pays en guerre ou en conflit; pays ou régions où les puissances occidentales ont foutu la merde ces dernières années au nom du capitalisme et de la domination colonialiste : Syrie, Afghanistan, Kosovo, Érythrée, Somalie, etc. Aujourd’hui, quelques milliers de réfugiés se retrouvent indésirables en Europe, pourchassés par les flics, vivant dans des conditions pourries.
En France, 958 personnes ont été contrôlées, principalement syriennes, érythréennes et albanaises (371 personnes). À Paris, beaucoup de contrôles se sont fixés sur la Gare du Nord, au départ des trains pour Calais et sa région, zone frontalière avec l’Angleterre où beaucoup de migrant.e.s se rendent dans l’espoir de passer la Manche ou vers le nord de l’Europe.
Plusieurs initiatives à travers l’Europe ont tenté d’informer sur cette opération et parfois de l’empêcher : diffusion de tracts multilingues, collages d’affiches, rassemblements, opposition aux contrôles. Une carte interactive des contrôles a été mise en place, localisant les zones de contrôle à l’échelle européenne.
L’opération Mos Maiorum prenait un caractère exceptionnel par l’ampleur du dispositif, mais les rafles sont quotidiennes à travers l’Europe. Pour remplir centres de rétention et charters et empêcher chacun-e d’aller où il.elle veut, surtout lorsque l’on vient de pays pauvres. Espérons que les solidarités construites en réaction à cette opération continueront de se tisser et que nous serons capables d’entraver concrètement la machine à expulser.
Publié sur Sans Papiers Ni Frontières