Update centre fermé de Bruges:
19/12/2020 : Ils ont la peur au ventre
Dans le centre de Bruges une aile a été fermée car trop de cas COVID positif. Tous les prisonniers ont été transférés.
Dans l’unique aile qui reste, ils sont 7. L’un d’entre eux a été testé positif ce jour et a été mis en isolement. Ceux qui restent devraient refaire un 4 ème test. Un autre détenu est diabétique et a très peur, car plus à risque.
36 membres du personnel ont été testés positifs et sont absents. Ils ont été évacués aujourd’hui en camionnettes . Des chauffeurs de l’Office des Étrangers ont été appelés au secours pour jouer les gardiens.
Une directrice du centre a suspendu les contacts vidéo car “trop de manipulations, risque sanitaire”
Elle attend lundi les directives de Bruxelles pour savoir quoi faire.”On les a transférés pour aller infecter d’autres dans d’autres centres?”
“LIBÉREZ-NOUS Nom de dju”
20/12/2020: Les 7 derniers détenus au centre seraient transférés demain 21/12/2020…
FERMETURE DE TOUS LES CENTRES FERMÉS
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Les détenus nous informent
Le 11 /12/2020: des détenus du centre fermé de Bruges reçoivent l’information que 2 détenus ont été testés positif au Covid 19. Tous les détenus sont soumis à un test. Le détenu avec qui nous sommes en contact ne sait pas si le personnel est testé et se questionne : “je suppose que le personnel aussi mais je ne sais pas”.
Le 13/12: il leur est annoncé que 6 détenus et 5 membres du personnel sont diagnostiqués positifs (bloc AB). Un détenu d’une aile non infectée établit la responsabilité du directeur : ” Il fait travailler du personnel qui n’a pas encore été testé et n’a fait aucune communication aux détenus “.
14/12 : un détenu en quarantaine, 6 contaminés dans son aile AB, son ‘chef’ infecté, 12 membres du personnel ! Des détenus dans l’aile D sabotent. Ils pensent refuser le troisième test Covid. Il reproche à la direction un manque de communication de la part de la direction.
“La seule mesure qu’on a su prendre jusqu’ici pour nous, est de nous donner les petits masques en plastique mais on est toujours en contact avec les chefs. Juste aujourd’hui, on a encore eu deux cas parmi les chefs qui étaient positifs. La directrice nous a dit qu’on devait être testés à nouveau, c’est la troisième fois. Peut-être que dans une semaine nous serons positifs. Parce que les mêmes chefs avec qui on partage le billard, les jeux d’éducation, la salle TV, les jeux de carte et autres, ils sont testés positifs. Avec eux, on avait pas de restrictions parce qu’ici rien n’est prévu par rapport à ça. Alors nous demandons qu’on nous libère. Je ne sais pas pourquoi on va me garder dans le centre quand on sait qu’il y a des cas positifs de coronavirus qui peuvent porter atteinte à ma santé.
Je souhaite vraiment que les gens qui sont à l’extérieur sachent la réalité qui se passent dans le centre de Bruges. “
Les impératifs sanitaires varient manifestement en fonction des profils. Les détenus, marginalisés et invisibilisés dans les médias, ne semblent que peu tracasser les politicien.nes . Derrières leurs barreaux, ils peuvent tomber malade, être entasser dans des cellules minuscules et ne pas avoir accès aux soins : les politicien.es s’en foutent. Certaines vies valent plus que d’autres.
Au travers des témoignages récoltés, nous dénonçons à nouveau l’abberation des centres fermés ainsi que les conditions abjectes dans lesquelles les personnes sont détenues. Enfermé.es avec leur co-détenu.es et des gardien.nes qui vont et viennent de l’extérieur, les détenu.es craignent en effet de tomber malade : on y traite des cancers à coup de paracétamol, il est peu probable qu’on leur livre des respirateurs en cas d’urgence…
L’enfermement nuit effectivement gravement à la santé, peut-être autant que le Covid.
Il est temps d’arrêter de tergiverser : ouvrez les cellules, libertés pour toutes et tous.
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RETRANSCRIPTION COMPLÈTE du témoignage
https://www.gettingthevoiceout.org/wordpress/wp-content/uploads/2020/12/AUD-20201215-WA00002.mp3
Ici nous sommes au “centre pour illégaux” de Bruges. Il s’est avéré que dans le courant de la semaine passée, on a eu plusieurs cas positifs de coronavirus dont les éducatrices, les détenus, les chefs et surveillants eux aussi, et la directrice n’a pris aucune mesure pour nous mettre en sécurité. Dans les deux groupes, il y a des personnes infectées. Au jour d’aujourd’hui, on décompte huit personnes parmi les chefs qui sont infectées, six personnes parmi les détenus qui sont infectées, et parmi les éducatrices, il y en a aussi deux qui sont infectées. Nous tous avons été testés à deux reprises dans ce centre, nous sommes entrés ici sans coronavirus parce qu’on fait le test juste à l’entrée avant d’intégrer le groupe. Alors on a été testés deux fois et nous tous étions négatifs, et ensuite les chefs qui vont chez eux et qui reviennent nous ont ramené le corona à l’intérieur. La seule mesure qu’on a su prendre jusqu’ici pour nous, est de nous donner les petits masques en plastique mais on est toujours en contact avec les chefs. Juste aujourd’hui, on a encore eu deux cas parmi les chefs qui étaient positifs. Quand les résultats sont venus, la directrice nous a dit qu’on doit être retestés à nouveau pour une troisième fois dans une semaine, et on ne sait pas, peut-être que dans une semaine nous serons positifs. Parce que les mêmes chefs avec qui on partage le billard, les jeux d’éducation et la salle TV, les jeux de carte et autres, ils sont testés positifs. Avec eux, on avait pas restrictions parce qu’ici rien n’est prévu par rapport à ça. On a essayé de parler à la directrice et au directeur. Aujourd’hui elle a fait fine bouche et n’a pas voulu collaborer avec nous, tout ce qu’elle nous a dit est qu’on attend le troisième test pour voir quels sont les nouveaux cas parmi nous. Alors nous demandons qu’on nous libère. Moi j’ai des enfants dehors, j’ai une femme dehors, c’est vrai que j’ai fait des conneries mais j’ai déjà payé pour mes conneries. Je ne sais pas pourquoi on va me garder dans le centre quand on sait qu’il y a des cas positifs de coronavirus qui peuvent porter atteinte à ma santé. Je souhaite vraiment que les gens qui sont à l’extérieur sachent la réalité qui se passent dans le centre de Bruges.
Les détenus qui sont contaminés sont toujours dans le centre. On a une pièce qu’ils appellent “médicale”, la pièce médicale qui comporte 7 petites salles. Dans la pièce médicale, on y a nous aussi accès parce que quand tu as une demande au docteur, c’est là-bas qu’on t’amène. Quand tu vas voir les assistants sociaux, c’est par le médical que tu passes. Ils ont fait garder un de nos confrères dans le médical pendant 48 heures et pourtant, lui il est rentré dans le groupe aujourd’hui du médical d’où sont gardés ceux qui sont atteints du coronavirus. C’est des petits choses, mais elles sont toutes collées. On leur a demandé de ne pas le mettre là-bas mais il l’ont mis là-bas. Aujourd’hui on l’a retiré sans lui faire le test pour savoir s’il est positif et maintenant il est avec nous dans le groupe donc aucune mesure n’est prise pour notre sécurité.
“Libérez-nous !”