De véritables pièges tendus aux Soudanais

29/09/2017:
Depuis les arrestations en masse des personnes au parc Maximilien et à la gare du Nord à Bruxelles,nous avons eu d’extrêmes  difficultés à parvenir à avoir des contacts avec la centaine de personnes arrêtées et placées en centres fermés.
D’après les informations récoltées par d’autre détenus :
Dans certains centres, à leur arrivée le personnel leur dit qu’ils n’ont pas droit à un téléphone ou à un avocat, qu’ils n’ont pas le droit d’avoir des contacts avec l’extérieur. Beaucoup sont sous pression, se méfient de tout et de tout le monde et ne comprennent pas pourquoi ils sont enfermés, pourquoi ils ne peuvent pas continuer leur chemin ou demander l’asile, pourquoi ils ne peuvent pas avoir un avocat. Sans avocat ils ne peuvent pas introduire un recours à leur détention et très difficilement introduire une demande d’asile. C’est clairement la raison pour laquelle l’accès à un avocat leur est interdit.
D’autres ont un comportement de repli, ils campent sur leur position et refusent toute aide ou défense.

Les rencontres avec la délégation soudanaise posent aussi question. Selon les quelques échos qui nous sont parvenus, cette délégation se présenterait comme une “association  pour les aider”. Ceci a eu pour conséquence que quelques-uns sont tombés dans le piège et ont raconté leur vie, d’autres n’ont pas parlé.  Nous nous posons aussi la question de savoire de quelle manière cette délégation aurait réussi à identifier autant de « Soudanais » qui, pour la plupart, ont refusé de parler.

Infos à diffuser:
Même si le personnel des centres les menace de sanctions s’ils prennent un avocat, ils en ont bien le droit. C’est malheureusement la seule solution dans notre “état de droit”!
– Lors de la première tentative d’expulsion ils ont le droit de la refuser. S’ils refusent ils seront ramenés au centre.
– s’ils ont été arrêtés récemment ils peuvent, avec l’aide d’un avocat, introduire un recours en extrême urgence et être libérés (ART 3)
– S’ils sont en voie d’expulsion ils peuvent faire une demande d’asile qui suspendra l’expulsion, le temps du traitement de la demande d’asile
    
Et APPEL aux associations, parlementaires qui ont tous un droit d’entrée dans les centres fermés: Allez leur expliquer leurs droits dans les centres! C’est votre boulot!!!!!!!

Et APPEL aux activistes: NON A L’EXPULSION AU SOUDAN . LIBEREZ LES TOUS!

Témoignages que nous avons pu rassembler auprès de quelques contacts dans les centres fermés

“Tu peux pas encore avoir d’avocat, il faut d’abord qu’on trouve un traducteur”

“ils disent qu’il faut demander l’asile mais moi je ne veux pas demander l’asile depuis le centre, c’est trop compliqué. Alors ils m’ont expliqué qu’ils allaient demander le laissez-passer, mais je sais que c’est très dur d’obtenir le laissez-passer, je crois qu’ils ne l’auront pas c’est pour ça que pour l’instant je ne demande pas l’asile, ils vont me prolonger de deux mois en deux mois”

“Vous êtes ici pour 5 mois, on va demander un passeport aux autorités et s’ils refusent de donner un laissez-passer ou passeport alors la sortie est possible”.

“Je ne veux rien manger ici, ils sont fous ici, complètement fous. Je ne connais même pas la raison pour laquelle j’ai été arrêté, pour combien de temps je suis ici, personne ne me parle, rien, on ne me dit rien”.

“je ne pouvais pas imaginer cela en Europe, je suis choqué”

“Tous les gens ici du Soudan, personne ne veut demander l’asile, la vie est meilleure en Angleterre, ici c’est la merde, même si t’as des papiers, la police te cherche toujours”

« Les Soudanais n’ont pas droit à un avocat, pas droit à un tel »

“L’ambassade est venue, ils ont dit qu’il fallait retourner. Ils proposent 1000 euros par personne pour qu’on reparte au Soudan”

“Ils disent que j’ai pas le choix, je dois retourner en France. Ils disent si tu fais une demande d’asile ici tu vas rester 4 mois enfermé, c’est ça que tu veux, alors les gens ne font rien”

19/09 : “ici ils savent bien qu’ils ne sont pas expulsables, l’OE a envoyé un mail, un fax ou je sais pas quoi et ils ont décidé que les Soudanais ils resteraient ici 3 mois, pas 2 mois comme les autres mais trois, ça c’est une violation de la loi. Ils ont demandé à tous les Soudanais de venir dans une pièce avec des traducteurs et ils leur ont dit, ça c’était il y a quelques jours”

23/09
«  Lundi, on lui a indiqué que des personnes soudanaises voulaient le rencontrer. Pensant qu’il s’agissait de visiteurs comme nous, du monde associatif, il s’est ouvert à eux et leur a remis beaucoup d’informations. C’est plus tard, dans la conversation qu’il a compris qu’il était face à un représentant de l’ambassade soudanaise. Il a ensuite reçu une offre de rentrer pour 1000 dollars, on lui donne 650 maintenant, 250 plus tard.
Il lui a été dit que c’était le bon moment pour rentrer au Soudan, pays où tout va beaucoup mieux maintenant.
Il se sent terriblement vulnérable et demande de l’aide. »

27/09
A 9 heures aujourd’hui, un homme du centre a demandé de l’accompagner parce qu’il avait un entretien, il était surpris parce qu’il n’avait pas demandé l’asile. Ils l’ont transféré du Caricole au 127bis où il a rencontré la délégation soudanaise pendant 20 minutes. Ils lui ont parlé d’une manière pas très convenable “nous savons que tu es Soudanais” et ils lui ont demandé de rentrer et lui ont dit qu’ils résoudraient ses problèmes s’il a des problèmes avec le gouvernement ou financièrement! Il a refusé de parler alors ils l’ont ramené au Caricole. Je lui ai parlé. Ils m’ont dit que cette délégation est allée à Anvers et à Bruges. Ils ont dit qu’ils avaient entendu que 15 personnes avaient été expulsées vers le Soudan. Il a eu des nouvelles de ces personnes au Soudan. Elles sont en colère.

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