9 novembre 2021
Un centre fermé abrite de multiples violences racistes et sexistes, que celles-ci soient prévues dans la loi ou non. L’une d’entre elles, que cet article entend dénoncer, consiste à embarquer par surprise et de force une personne sans même qu’elle ne soit informée préalablement de son expulsion.
En règle générale, mais pas systématiquement, les personnes sur le point de subir une expulsion sont prévenues un ou deux jours avant le vol. On leur remet alors un ticket comportant les informations sur le vol et la destination. Mais l’office des étrangers et la police aéroportuaire ne s’encombrent pas toujours de cette procédure, rendant ainsi une éventuelle résistance d’autant plus compliquée.
– Le 5 novembre, un homme bangladais détenu au centre fermé 127bis était appelé dans un bureau où se trouvait notamment une (mal nommée) assistante sociale du centre. Selon nos contacts dans le centre, il s’agissait ni plus ni moins d’un piège. Dès son entrée dans la pièce, des hommes de la sécurité ont fermé la porte derrière lui, ont rapidement pris ses quelques affaires sur son lit et l’ont fait monter dans une voiture. Témoins de cette scène violente, les autres détenus n’ont pas su où il était amené mais se doutent que cette action visait à l’expulser par surprise. Ils en sont d’autant plus convaincus que le numéro de gsm dont il bénéficiait dans le centre ne fonctionne plus.
– Un autre détenu ayant subi une tentative d’expulsion avait, à son retour dans le centre, été appelé au bureau de l’assistante sociale. Elle l’avait prévenu que la prochaine tentative sera avec escorte et par surprise.
– Ce 8 novembre, c’est dans le centre fermé de Holsbeek qu’Hafsa a subi le même sort. Fuyant un mariage forcé dans son pays, elle était arrivée en Belgique. Elle y avait été mise en détention, l’Office refusant hypocritement de reconnaître l’existence de mariages forcés au Maroc. Elle a été amenée de force au réveil à l’aéroport Bruxelles-national en pyjama pour un vol Air Arabia vers Tanger afin d’être expulsée contre son gré, complètement ligotée. Lors de sa première tentative d’expulsion (art ici ), qu’elle avait refusée, les policiers lui avait promis une escorte et une expulsion de force dans les prochains jours. Cette menace brutale a été exécutée ce triste matin du 8 novembre sans qu’elle n’ait été prévenue au préalable.
Les frontières réouvrent depuis plusieurs mois, et en même temps les expulsions de personnes migrantes reprennent. Ces techniques d’enlèvements soudains s’ajoutent aux “moyens de contraintes” déshumanisants que la police utilise et à propos desquels Myria ne voit pourtant rien à redire (voir rapport, p.57 ).
Le rapport indique aussi que “l’exécution des rapatriements est réglée par un protocole, non publié, signé entre l’OE et la police aéronautique de l’aéroport de Bruxelles National (connu sous l’acronyme« LPA-BRU-NAT »)”.
Au sein des centres fermés et face aux méthodes racistes de l’office des étrangers et de la police aéroportuaire, des résistances et solidarités s’organisent parmi les détenu.e.s: refus de test Covid, grêves de la faim, informations diverses données par des lanceur.ses d’alerte également enfermé.es, etc.Nous vous invitons à consulter régulièrement notre page Facebook et notre site internet, divers appels à soutien y sont publiés.
L’Etat fait tout pour invisibiliser les personnes migrantes qu’il enferme, pour saper leurs luttes et leurs soutiens, les empêcher de communiquer, de témoigner et de prendre contact avec le reste du monde. Car il faut les déshumaniser pour pouvoir les instrumentaliser politiquement, en faire des boucs émissaires, des concepts comme “le transmigrant”.
Il en est d’ailleurs de même avec les sans papiers, pour lesquels le baton (la menace d’explusion) et la carotte (la fausse promesse de régularisation) sont des outils systématiquement utilisés pour étouffer leurs luttes pour une existence digne. Les fausses promesses du Béguinage l’ont encore montré tout récemment.
Seule une résistance commune – dans les centres fermés et hors des centres, par les victimes précarisées mais aussi par leurs soutiens pourra faire changer les choses. Le rapport de force n’est pas à notre avantage, mais il peut changer, l’Histoire n’est pas avare en surprises quand le combat est juste !
Moyens de contraintes ( myria ) :