Descente de police dans le camp pour étrangers de Merksplas 28/01/2014

Ce 28/01/2014 à7h30 un nombre impressionnant de policiers accompagnés de chiens sont descendus dans les 3 ailes fonctionnelles du camp (une quatrième aile est en travaux suite à des évasions il y a 2 mois). Les détenus ont été amenés un par un et rassemblés après avoir été minutieusement fouillés. Toutes les pièces ont été inspectées jusqu’aux plafonds, les cellules, les poubelles ;…. Vraisemblablement cette descente aurait eu lieu suite à la découverte d’une cisaille.

L’isolement et le manque d’activités rend encore plus difficile la vie dans le centre, déjà très pénible.Très peu de contacts avec l’extérieur, pas de TV. Les détenus ne savent pas ce qui se passe à l’extérieur.Ils sont coupés du monde sauf quand, par chance, ils arrivent à mettre la main sur un journal. Cela ne fait qu’augmenter un sentiment d’insécurité déjà très présent , et la majorité des détenus a très peur.Surtout les premiers jours. « On lit une énorme angoisse dans leurs yeux ». D’autres prisonniers sont très déprimés,et régulièrement certains attentent à leur vie : les tentatives de suicides ne sont pas rares.

Les conditions de vie insupportables rendent parfois les réflexions amères. Un détenu compare ces prisons à des camps « comme pendant votre dernière guerre ».  “Pas d’extermination mais si ils pouvaient ? Sans lois ni droits, juste à cause des origines ». “Pas de droits, même pas celui de se défendre ». « Et c’est un vrai commerce ces politiques de migration. Pleins de gens gagnent du fric avec ça, ici et dans les  pays d’origine, sans compter les dessous de table » .

La chasse à “l’illégal”celle ou celui dont la situation administrative n’est pas strictement conforme à la loi prend de l’ampleur : on ratisse de plus en plus large, on rafle à tous les étages. Il faut faire du chiffre.

Le même détenu nous raconte : “il y a ici des hommes qui vivent depuis 10 ou 15 ans en Belgique. Un Monsieur était en Belgique depuis 22 ans et avait une longue barbe blanche.”  

D’autres ont leur femme et leurs enfants ici. Une mère et ses 2 enfants viennent de Liège 2 à 3 fois par semaine pour visiter leur mari et père.

Il nous parle également d’un Congolais qui avait été arrêté car il n’avait pas ses papiers sur lui, mais était en règle.“Il a été arrêté parce qu’il était noir! Il a été  libéré après 5 jours et l’intervention d’un avocat“.

Il nous relate encore une anecdote étonnante concernant deux cousins Roumains enfermés: “l’un des deux a été expulsé et 3 jours plus tard il est venu au centre pour visiter son cousin!

Même des Européens peuvent être détenus puis expulsés : “Un Italien a été expulsé vers l’Italie après plusieurs mois de détention !”

Quand le bout du tunnel n’est qu’un cul de sac admnistratif, l’Office se fait créatif. Ou pas.

Encore une fois, pour les détenus, c’est l’inconnu, l’insécurité permanente. Et l’angoisse.

Beaucoup « croupissent » depuis des mois dans le centre car leur ambassade refuse de délivrer un laissez-passer. Notre témoin évoque  aussi d’énormes magouilles de l’Office des Etrangers(OE) pour obtenir des laissez-passer.Pour un Congolais résidant en Belgique depuis 7 ans, à qui l’ambassade refusait de délivrer un laissez-passer, l’OE  s’est vu délivrer par le gouvernement congolais à Kinshasa un « sauf conduit » en vue de son expulsion.

“Il y avait beaucoup de Chinois mais la majorité a été expulsée, sans avocats et sans moyens de s’expliquer, ne parlant que le Chinois.”

“Beaucoup d’autres sont venus par l’Italie où ils avaient reçu des papiers temporaires et sont renvoyés là-bas : cela règle quoi?Ils reviennent après. »

Pire, ils sont parfois renvoyés vers leur pays d’origine , afin de les éloigner autant que possible et de rendre leur retour plus difficile, voire impossible.

Et les expulsions s’enchainent…

“Depuis les quelques mois que je suis là, je n’ai vu que trois libérations dans mon aile, les expulsions je ne sais plus les compter”

“Je pense que pour le moment ils sont très durs, à cause des prochaines élections.”

…heureusement sans tuer l’espoir d’une vie meilleure

“Chacun a son projet pour revenir en Belgique après l’expulsion, et des astuces sont échangées pour trouver un moyen de revenir.”

Que disparaissent ces lignes absurdes tracées sur des cartes… elles n’ont pour nous aucun sens.

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