Expulsions en cascade : de l’hôpital à l’aéroport

TW mutilation

Monsieur M. devait subir sa troisième tentative d’expulsion vers Dakar ce samedi 7 octobre 2023. En Belgique depuis 8 ans, il est enfermé depuis maintenant plus de 9 mois. M. est desespéré : il a déjà entammé plusieurs procédures pour obtenir une régularisation, mais à chaque fois sans succès. Lors de sa seconde tentative d’expulsion en juin 2023, il a résisté et a réussi à descendre de l’avion grâce au soutien des passager·ères. Il a ensuite été transféré au centre fermé 127bis, où il continuait d’espérer une libération. 

Ces dernières semaines,les détenu·es nous ont informé·es que certaines expulsions n’étaient plus annoncées à l’avance. Certain·es détenu·es étaient mis·es de force et par surprise au cachot pour leur expulsion quelques heures plus tard. Les co-détenu·es nous parlent de “kidnapping” en évoquant ce nouveau procédé d’expulsion.

Vu ce contexte, M. devenait très prudent et sentait “dans le fond de lui” que cela arriverait d’un moment à l’autre.
En effet, le vendredi 6 octobre au soir, il est convoqué par le personnel du centre et comprend qu’on prévoit de l’expulser de force le lendemain matin. Il refuse de se rendre à l’endroit où il est convoqué. De désespoir, il avale un coupe-ongles. L’ambulance est appelée, et M. quitte le centre pour l’hôpital.

Le samedi matin, les médecins remettent un avis positif, et estiment que M. est en état de prendre l’avion. Il est donc envoyé vers l’aéroport de Zaventem et mis de force dans l’avion. Sept policiers l’accompagnent, en lui attachant les mains et les pieds.

Des militant·es prévenu·es par les co-detenu·es étaient présent·es à l’aéroport pour prévenir les passager·ères du vol de cette expulsion violente. Les passager·ères se sont levé·es avant le décollage en guise de protestation contre cette expulsion. M. s’est débattu, et a finalement été sorti de l’avion. Il est de retour en centre, cette fois à Vottem, où on lui explique qu’il sera mis en isolement sans accès au téléphone pendant 48 heures.

Nous dénonçons également les actions de l’Office des Étrangers, qui voulait s’assurer qu’une personne soit bien expulsée pour le Sénégal. Lors du départ de M. vers l’hôpital, son état de santé met sa possibilité d’expulsion en doute. L’Office décide alors de donner la place dans le vol à monsieur H., détenu au centre fermé de Vottem. H. est donc mis au cachot et prévenu de son expulsion en dernière minute et par surprise. Vu l’avis des médecins, M. reprend finalement sa place dans le vol. H.est ramené à Vottem.

Ce nouveau mode de fonctionnement des expulsions est inadmissible : il prend les détenu·es par surprise et met un frein à l’organisation d’une mobilisation militante à l’aéroport. Nous dénonçons toutes les violences qui continuent d’être commises, et continuons de nous positionner contre toutes les expulsions.


À bas les centres fermés, à bas les frontières et leur monde !

Liberté pour toustes !

#STOPDEPORTATION

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