Il y a 7 ans jour pour jour, le 9 octobre 2018, nous apprenions le décès de Gebre Mariam, jeune homme de 36 ans d’origine érythréenne, qui était alors enfermé depuis quatre mois au centre fermé de Vottem (Liège).
Le souvenir de la mort de Gebre fait écho au tragique décès par suicide de Mahmoud, il y a quelques jours à peine.
7 ans plus tard, les centres fermés sont toujours aussi destructeurs.
Gebre était menacé par l’État belge d’expulsion vers la Bulgarie, pays où il avait obtenu l’asile et vers lequel il refusait d’être déporté. Il avait reçu une ordonnance de remise en liberté de la part de la Chambre du Conseil, mais l’Office des étrangers avait fait appel contre cette libération. Il est donc resté en détention, avec la peur d’une nouvelle tentative d’expulsion. Il avait déjà subi des violences physiques et racistes en Bulgarie, et craignait pour sa vie.
Grebre souffrait énormément de sa détention. Quelques heures avant son suicide, ses co-détenus rapportaient au CRACPE (Collectif de Résistance aux Centres pour Étrangers) qu’il avait été transféré dans une autre aile par le personnel du centre pour une raison inconnue, et maintenu isolé dans une chambre.
La nouvelle de la mort tragique de Gebre a anéanti et profondément bouleversé ses co-détenus ainsi que les autres personnes d’origine érythréenne dans les centres. Quatre jours après sa mort, 400 personnes se réunissaient en sa mémoire devant le centre fermé de Vottem. Des personnes avaient de la peinture rouge sur les mains, portant un message clair : « l’État a du sang sur les mains ».
Rappelons que les actes suicidaires ne sont malheureusement pas rares dans le contexte extrêmement violent qu’est celui de la détention. On pense à monsieur A., d’origine éthiopienne, qui avait mis fin à ses jours en mars 2024 au 127bis, alors que son état de mal-être psychique était pourtant bien connu du personnel du centre. On pense à tous les autres, dont on ne parvient parfois même pas à connaître le nom, qui ont trouvé comme seule issue la mort pour mettre fin aux persécutions de l’Office des étrangers. On pense également aux trop nombreuses personnes qui commettent des tentatives de suicide, pour exprimer leur souffrance et leur désespoir engendrés par les politiques migratoires belges et européennes.
Les suicides en centres fermés, en prison, ne sont pas des actes comme les autres. L’État prive chaque année des milliers de personnes de leur vie, de leur entourage, de leur avenir. Honte à l’État et aux personnes qui le représentent !
Plus généralement, nous pensons à Gebre, à Mawda, à Baudouin, à Semira, àTamazi, à Mahmoud, et aux innombrables (et trop souvent innomables) personnes mortes à cause des frontières et des prisons.
Aujourd’hui 7 ans plus tard, on ne t’oublie pas Gebre. On ne leur pardonne pas.
NI OUBLI NI PARDON
NON AUX CENTRES FERMÉS
NON AUX EXPULSIONS
NON AUX FRONTIÈRES
VIE ET LIBERTÉ POUR TOUSTES







