“Il n’est pas encore mort si vous voulez savoir »


Mail d’une amie d’un détenu du centre fermé 127 bis à Steenokkerzeel 18/11/2012:

Nous nous sommes connus via Internet en août 2009. Nous avons tous les jours eu des contacts par mail et téléphone. Il m’a rejointe le 19 janvier 2010.
Nous vivons ensemble depuis  juin 2010.
Il a reçu un ordre de quitter le territoire le 24.03.2011
Nous sommes allés voir l’ avocat qui a dit qu’il réglerait cela – un nouvel espoir.
Nous avons reçu un mail de l’avocat qui disait qu’il avait écrit au bourgmestre,  et a fait ce qu’il avait à faire pour arranger cette situation- encore une fois attendre…

Puis ils sont venus le chercher le 12 juin 2012  à 23h45 avec la police. Ils ont tapé violemment sur la porte et ils ont crié. Sans montrer leur papiers expliquant pourquoi ils étaient là, ils sont rentrés et l’ont emmené.

Ils l’ont mis dans le centre fermé 127bis à Steenokkerzeel. C’est là que les problèmes ont commencé..
Il a été enregistré le 13 juin 2012 dans ce centre et je suis allée tous les jours pour lui rendre visite. J”ai vu que son état de santé s’aggravait rapidement.
Le médecin et le psychologue pensent que les personnes enfermées sont vraiment dangereuses, mais elles ne le sont pas. Les gens enfermés là-bas sont comme nous.
Ils leurs donnent des médicaments pour dormir. Un jour, j’ai vu les médicaments qu’il devait prendre. Mon médecin m’a dit qu’il devait  immédiatement  refuser de prendre ces pilules.

Une semaine après son arrivée dans le centre, un matin, il était réveillé 10 minutes avant l’autorisation de fumer. Il a demandé du feu pour s’allumer une cigarette. Ils ont refusé.
Il y a eu des mots, puis ils ont dit à mon ami “viens ici”: Il est allé à la porte et là, ils ont commencé à lui donner des coups, sans motif. Il a essayé de se défendre. Treize geôliers se sont jetés sur lui et l’ont malmené, frappé.
Le médecin est venu  parce qu’il ne pouvait pas se lever et a dit qu’il devait immédiatement être amené à l’hôpital.
Le directeur et les gardiens ont immédiatement répondu “impossible de l’amener à l’hôpital , le monde extérieur apprendrait ce qui s’est passé ici”.
Ils l’ont mis en isolement pendant 24 heures avec surveillance, vu son état de santé.

Le lendemain, je suis allé au centre et j’ai parlé à l’assistante et psychologue. Ils m’ont dit que tout de même on ne peut pas fumer avant 7 heures du matin et ils ont ajouté : “Il n’est pas encore mort si vous voulez savoir»
J’ai demandé pourquoi ils traitent les gens comme ça mais ils n’ont pas répondu.

Puis je suis allée rendre visite à mon ami et quand je l’ai vu je suis tombée en larmes : il avait été battu si fort qu’il était couvert de bleus de la tête aux pieds. Il ne pouvait pas se tenir debout ni s’asseoir . Tout ça pour une cigarette !
J’ai vu comment ils ont traité d’autres personnes pendant mes visites: incroyable et inhumain: Il faut que ça s’arrête !
Le monde n’appartient à personne! Il faut laisser les gens vivre où ils veulent si ils y sont heureux.

Laissez-les commencer par enfermer les vrais criminels, mais pas des personnes innocentes sans papiers.
Mon histoire n’est pas encore terminée et si je devais tout écrire sur les 127bis et Bruges c’est un livre que je pourrais écrire. J’ai beaucoup de compassion pour ces gens qui sont pris au piège.

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