“Je veux dénoncer les agissements de la police fédérale à l’aéroport”: Témoignage.

16/12/2022

“Je veux dénoncer les agissements de la police fédérale à l’aéroport”: Témoignage suite à une tentative d’expulsion avortée.

Ces dernières semaines,  Getting the Voice Out a encore reçu plusieurs témoignages de détenu.e.s qui  ont subi des tentatives d’expulsion très violentes. Parmi elle.eux, nous avons connaissance de deux femmes qui ont été expulsées avec escorte la semaine passée, après plusieurs tentatives. Nous n’avons pas de nouvelles d’elles depuis lors. Nous  avons aussi connaissances de 2 hommes qui ont subi de graves maltraitances par leur “escorte” lors de leur tentative d’expulsion avortée.
Les expulsions sont toujours, par définition, violentes. Elles sont accompagnées d’humiliations, de coups, de menaces. 
Ces tentatives d’expulsions mènent à des résistances sous différentes formes. Elles conduisent certaines personnes à s’automutiler au commissariat, parfois gravement, pour empêcher l’expulsion. D’autres résistent une fois dans l’avion. Régulièrement, les personnes sont débarquées de l’avion, car elles ont pu résister, car elles ont été soutenues par des passager.ère.s refusant de s’asseoir, ou/et parce que le commandant de bord a refusé de faire décoller l’avion… Les personnes sont alors ramenées en centres fermés. 
Dans tous les cas, ces tentatives entraînent des séquelles graves, physiques et psychiques. En particulier à cause des interventions violentes des membres de la police fédérale.

Ici le témoignage d’un homme qui a avalé un briquet au commissariat de l’aéroport pour empêcher son expulsion : https://www.gettingthevoiceout.org/wordpress/wp-content/uploads/2022/12/senegalsans-titre.mp3

Transcription du témoignage

“Je suis originaire du Sénégal
Mais je suis marié en France et j’ai un enfant en France ce qui me permet d’avoir un titre de séjour en France mais l’Office des Etrangers en Belgique ne veut pas me retourner en F. Il veut me ramener au Sénégal parce que je n’ai plus rien au Sénégal, je n’ai plus de famille, ma vraie famille est en France, ma femme et mon fils. Il y a deux semaines ils ont voulu me ramener vers le Sénégal. Je suis en contact avec mon ambassade, mon ambassade confirme que je n’ai pas de laissez-passer et le billet qui me ramène c’est avec escorte police fédérale une escorte avec des policiers  de la police fédérale présente à l’aéroport et les policiers ne respectent souvent pas la loi. En plus ils ont carte verte (ndlr blanche) pour faire en fait ce qu’ils veulent. J’ai des témoignages de collègues qui ont été frappés moi aussi j’ai goûté à ça, j’ai été brutalisé, j’ai dû avaler un briquet!Ça a été un moment traumatisant ; au moment où j’avale le briquet il m’ont fait une clé de bras, je ne sais pas comment on appelle ça chez eux, ils ont essayé de m’étouffer voilà, par malchance le briquet est descendu, mais ça aurait pu tourner au drame.
Je voulais dénoncer leurs pratiques à l’aéroport , où ils ont juste une cellule avec des caméras et ils sont entre collègues, ils se protègent entre eux donc pour mon cas ils ont changé de version et ils ont dit que moi j’avais pris le briquet sur la table alors que dans la cellule où j’étais il n’y avait pas de table, donc c’est un mensonge et ils ne veulent pas assumer le fait que ils ont fauté de m’avoir donné un briquet et de ne pas l’avoir repris, oublié, peut-être fait exprès, donc voilà confirmé qu’ils ont fait une faute professionnelle à ce niveau là et ce que je voulais dénoncer c’est que j’ai des collègues qui ont été frappés à chaque fois qu’ils ont résisté de monter dans l’avion. Ils ont été frappés et brutalisés, et ils sont revenus avec des bleus, mâchoires cassées et plein d’autres choses qu’ils ont vécues comme traumatisantes et ça c’est au niveau de la police fédérale. 
Voilà je pense que c’est une unité au-dessus de la police normale je pense hyper ??nulle?? et je voulais dénoncer ces méfaits qui sont malheureusement dangereux pour nous parce que quelqu’un qui ne veut pas rentrer chez lui ils veulent le forcer et il fera tout pour ne pas rentrer dans l’avion et donc parfois la mort et parfois des accidents. C’est quelque chose à dénoncer, dénoncer leurs pratiques au niveau des gardes à vues, de ces cellules où il y a une assistante sociale mais ils sont entre eux et ce qui se passe là-bas reste là-bas quoi ! c’est noté nulle part pour pas avoir de soucis, voilà, si c’est pas dénoncé par l’intérieur ça ne sait pas circuler vers l’extérieur. Voilà, c’est illégal quoi, frapper les gens forcer encore moins les frapper quoi. On est des êtres humains, on n’est pas des animaux et chacun il a ses raisons de ne pas retourner là où on veut l’envoyer. “

Transcription du témoignage :

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