Témoignage d’une dame qui a subi une deuxième tentative d’expulsion
sikatémoignage
C’était dimanche passé le 11 aout ,j’avais mon deuxième vol.
On a quitté le centre à 9h30, avec le chauffeur comme d’habitude, des fouilles comme d’habitude et la question des gardes et des chauffeurs: “Est-ce que tu reviendras au centre, est-ce que tu vas retourner?”
A ces questions j’ai répondu avec le sourire parce que je ne sais pas. Donc j’ai répondu par un sourire.
On est arrivé à l’aéroport, j’étais dans la voiture: il y a deux policiers qui sont venus me chercher et là on est rentré dans une cellule et ils m’ont dit tout de suite “Voilà ce qui va se passer”
On sera à deux pour vous amener au Togo, le vol va passer par Abidjan pour aller à Lomé au TOGO.
Voilà comment celà va se passer: on va vous faire une fouille et donc ils m’ont fouillée, il faut être déshabillée, toute nue, il faut se baisser 2 fois, la fouille complète.
Après tout celà il y des questions. Il y a une dame qui est venue me demander: “Cela fait combien de temps que vous êtes au centre?”
J’ai dit “Il y a tout dans mon dossier, je crois que vous l’avez”. Ils m’ont dit qu’ils n’avaient pas vraiment accès au dossier.
On sait que vous avez un frère ici en Belgique. Vous voulez l’appeler? J’ai “dit non c’est bon”. Vous voulez appeler Lomé ?: “non tout est OK”
Je ne disais pas grand chose et je restais toute calme et souriante.Pensant que je ne comprenais pas le néerlandais ils se disaient: “Voilà quelqu’un qui est calme, qui ne rouspète pas et qui ne demande rien”.
Après ils sont venus vers moi pour dire: “Il y a des médicaments dans votre sachet, c’est pourquoi?” ” C’est pour la tension artérielle”.
47 minute après il y a un policier qui vient vers moi pour me dire:” Est-ce que vous savez que votre passport est expiré?”: oui je le sais.
Et puis ils ont continué à dire: “ah tu es une fille gentille , le vol va être agréable” et ils regardaient si ils avaient leur appareil photo dans le sac pour aller à Lomé. “Cela va se passer de façon impeccable” ils se disaient.
Après ils me disent: “Voilà comment cela va se passer: on est obligé de vous mettre une ceinture et des trucs aux bras. C’est le règlement et après on va rentrer dans l’avion”: “OK y a pas de soucis”.
Alors il y a un autre monsieur qui vient, on me le présente, c’est le commissaire de l’aéroport et il me pose la question: “Est-ce que vous allez vous bagarrer?”: je ne comprends pas. Il me dit: “Parce que c’est devenu fréquent maintenant. Y a des gens qui font du bruit dans l’avion”. Je dis “non je comprends pas, dans l’avion? à quel moment?”.
Il me dit bon ok si vous êtes sûre que vous aller rester calme: oui je serai calme, pas de soucis, alors il est reparti.
Ce fut le moment de la ceinture verte qu’on te met, au point que tu ne sais pas respirer, ça t’empêche de faire les mouvements avec les bras, je ne sais pas bien expliquer: t’as un truc aux bras et la ceinture au ventre qui t’empêche de bien respirer.
On est parti avec une fourgonette blanche fumée jusqu’au pied de l’avion. Ils chronométraient tout. Je crois qu’il était 14 heures. J’ai jeté un coup d’oeil à la montre de la dame (de l’escorte) qui était à côté.
Ils m’ont fait rentrer dans l’avion avec l’escalator. Je pouvais pas bien marcher car j’étais attachée donc ils m’ont soutenue.
Quand on est arrivé, au moment où je devais m’asseoir sur le siège:
L’objectif pour moi était qu’ils ne puissent pas me mobiliser sur le siège. C’est là que j’ai commencé à faire des mouvements et il y a une dame ( de l’escorte) qui disait à l’autre:”elle ne veut pas”:
Tous les six ils m’ont prise pour que je puisse m’asseoir. Il y en a un qui a bloqué mon pied gauche et l’autre le pied droit, et les mains aussi. Tout ce que j’ai réussi à faire c’est qu’on ne me colle pas sur le siège pour que je puisse crier et me faire entendre des passagers.
Puisque j’étais dans l’avion 15 minutes avant que les passagers rentrent, depuis ce moment-là j’ai commencé à crier que mon passeport était périmé et que je ne vois pas pourquoi ils ne sont pas allés à l’ambassade pour demander un laisser-passer. Qu’ils m’envoient au Togo avec le passeport expiré. Arrivée au Togoé, les Togolais vont bien se poser la question: qu’est-ce qu’elle a bien pu faire pour qu’on l’expulse avec un passeport expiré et ils me mettront en prison.
Alors j’ai fait que dire ça. Quand j’ai commencé à dire ça ils m’ont dit “non le passeport n’est pas expiré”.
J’ai dit ” Mais Monsieur vous vous foutez de moi: tout à l’heure vous m’avez dit que mon passeport était expiré et là dans l’avion vous dites qu’il n’est pas expiré”.
Il me dit: “Vous avez eu 2 heures de temps dans la cellule pour parler. Vous n’avez rien voulu dire. Si vous aviez parlé on aurait pu…
Vous pensez qu’on va vous expulser pourquoi: parce que on va aller négocier avec les autorités togolaises pour qu’ils puissent vous recevoir et que vous n’alliez pas en prison”.
J’ai continué à crier mais pendant ce temps ils me tenaient très, très très fort, extrêmement fort, j’avais très mal, je criais et j’ai demandé qu’au moins une femme (de l’escorte) de l’autre côté me tienne. J’ai demandé qu’une femme me tienne du côté de mon bras amoché parce que ça fait mal, je ne supporte pas la douleur.
Il me dit: “Vous ne supportez pas la douleur mais vous savez crier”.”Mais oui c’est pour cela”. Alors j’ai commencé à dire tout ce que je pouvais. Je criais à un moment donné, je ne savais plus ce que j’avais dit.
Ils ont tout les six pris mon cou en même temps, tous les six, mon cou sous le siège pour que les passagers ne puissent pas me voir, tous ensemble, et là j’ai eu un choc, j’ai crié.
Heureusement il y avait une dame (ils étaient 4 hommes et deux dames dans l’escorte) qui a réagi et qui a dit vous allez lui casser le cou, tout ça en néerlandais. Ils m’ont relachée. J’ai redressé la tête et j’ai continué à dire ce que j’avais à dire.
Il y a un passager qui a finalement réagi, j’étais tout au fond de l’avion. Il est venu de devant et j’ai entendu son cri:” Vous nous empêchez de la voir. Et pourquoi vous la brutalisez comme ça”. Et quand il avait terminé il y a une dizaine de passagers qui se sont levés en même temps et c’est là que les policiers ont dit ‘c’est bon on vous laisse sortir”
J’ai dit “détachez-moi”. Ils ne voulaient pas me détacher, ils m’ont mise debout. J’ai essayé de montrer comment j’étais attachée aux passagers puisqu’ils avaient tout fait pour qu’ils ne voient pas ce qui se passe.
Quand on est sorti de l’avion il y a un policier qui m’a poussée vraiment brutalement, pour dire “voilà tu nous a eus”.Les autre m’ont retenue car j’allais presque tomber.
Quand on est descendu on est retourné dans la fourgonette et j’ai dit “Y a mes bagages qui sont déjà dans l’avion”
“Tes bagages iront au Togo . On va t’en faire voir de toutes les couleurs. Le 11 août: garde cette date en tête car c’est une date mémoriale: Vous avez eu une altercation avec la police fédérale et vous êtes maintenant considérée comme une criminelle et ce ne sera plus trois ans d’interdiction de rentrer en Belgique et dans l’espace Schengen, ce sera 8 ans d’interdiction”
Je n’ai rien dit et on est retourné dans la cellule ” on va vous faire examiner par un médecin”
Le médecin est arrivé avec ces habits de cosmonaute et m’a demandé où j’avais mal: j’ai montré mon bras avec la cicatrice. Il me dit ” Vous avez ça avant d’arriver ici”
J’étais choquée et j’ai dit: Quoi ? et vous m’avez attachée avec un bras comme ça?
Il dit: “oui OK je vais de toute façon noter que vous n’avez rien”
Puis les chauffeurs du centre étaient toujours là et sont venus me chercher pour me ramener au centre.