Détenu 11 mois dans un centre fermé, défendu par un avocat membre de la N-VA puis expulsé vers Kaboul: la Belgique, pays sûr pour les demandeurs d’asile?
S.R., un demandeur d’asile afghan, est arrivé en Belgique il y a un an et a été enfermé pendant 11 mois en centre fermé puis expulsé.
Il a d’abord été détenu dans le centre fermé de Bruges, puis dans celui de Steenokkerzeel depuis le mois d’octobre 2016. À son arrivée à Bruges, on lui a attribué un avocat.
Il se trouve que cet avocat est membre d’une section locale de la NV-A où il occupe les fonctions de secrétaire adjoint, responsable logistique et organisationnel.
S.R a introduit plusieurs demandes d’asile, toutes refusées. Il a également reçu plusieurs avis d’expulsions, il en a refusés (comme la loi le permet) et d’autres ont été annulés.
Pourtant Mr S.R rentre pleinement dans les conditions d’octroi de l’asile car il est originaire de la province de Nangarhâr, dans le district de Surkh-Rōd, une partie de l’Afghanistan reconnue comme “non-sûre”.
Dès lors, deux aspects de cette procédure peuvent être remis en cause:
Dans un premier temps, l’objectivité d’un avocat appartenant à un parti politique très à droite et qui tente par tous les moyens de mettre un terme au flux migratoire vers l’Europe, en particulier vers la Belgique. Quand le Secrétaire d’Etat à l’Asile et à la Migration, appartenant à ce même parti, déclare que “ce Gouvernement veut rapatrier et non pas régulariser”, nous sommes en droit de nous demander quelle est la bonne volonté mise en oeuvre par cet avocat en vue d’un aboutissement positif à la demande d’asile de S.R.
Dans un deuxième temps, de quel droit pouvons-nous définir un endroit “sûr” et “non-sûr” dans un pays en guerre depuis 15 ans? Depuis l’invasion américaine en 2001,l’Afghanistan n’a pas connu un seul mois de répit sans bombardements ou attentats. A Kaboul, par exemple, ville pourtant décrétée “sûre”, pas une semaine ne se passe sans explosions en tout genre. Certes, quelques villes et villages sont moins directement exposés à tout cela, mais l’Union europénne, qui a récemment signé un accord avec l’Afghanistan en vue de faciliter le rapatriement de 80.000 demandeurs d’asile afghans déboutés, oublie une chose: lorsqu’un Afghan issu de ces zones plus “sûres” fuit vers l’Europe et est ensuite renvoyé chez lui, les Talibans et autres membres de l’État islamique (de plus en plus présents dans cette partie du monde) n’hésiteront pas une minute à le considérer comme un traître et à l’exécuter sans autre forme de procès.
En août S.R a changé d’avocat , mais les dégâts étaient là. Il a été expulsé vers Kaboul ce 04/11/2016. Nous n’avons aucune nouvelle de lui.
D’autres expulsions vers Kaboul sont à prévoir.
La Belgique n’est pas un pays sûr pour les demandeurs d’asile afghans.