La machine à expulser tourne, tourne……

18/09/2019

Tandis que des milliers d’exilé·e·s se battent et résistent contre l’Europe forteresse et sont parqué·e·s dans des camps, hotspots, centres « ouverts » ou fermés dans le but avoué de les renvoyer dans leur pays, tandis que d’autres meurent ou sont tué·e·s à nos frontières, la Belgique chasse, enferme et expulse.

Plusieurs vols civils par jour décollent de Bruxelles et Charleroi pour renvoyer des exilé·e·s vers des pays européens ou vers leur pays d’origine.

 

  • Pour les Dublins : l’Office des étrangers persiste et signe.

D’après nos relevés, entre 2 et 5 retours Dublin/jour par avion vers le pays européen où iels ont été obligé·e·s de déposer leurs empreintes et ce à quelques centaines de kilomètres de la Belgique : Suisse, Allemagne, Slovénie , France, etc.

Des lois ont changé et lors d’arrestations des Ordres de quitter le territoire (OQT), contre lesquels des recours au CCE (Conseil du Contentieux des Etrangers) étaient possibles ne sont que rarement encore délivrés.
Depuis juillet 2019 ce sont en général des « décisions de détention afin de déterminer l’État responsable de sa demande d’asile » qui sont délivrées par l’Office. Des recours devant le pénal sont encore possibles, mais plus de recours en extrême urgence. Les exilé·e·s se retrouvent alors face à des juges qui pour la plupart n’acceptent pas de remettre ces décisions en question, ne connaissent rien en droit des étrangers et pour qui le droit de l’étranger n’existe pas et une demande de libération d’un centre fermé n’a aucun sens.

Après avoir passé plusieurs semaines dans les prisons, nommées “centres fermés”, dégoûtés de devoir interrompre leur voyage et « d’être traités comme des animaux dans les centres » disent-ils, ils signent un retour volontaire sous la pression du personnel du centre ou, s’ils refusent, sont expulsés de force.

 

  • Pour les demandeurs d’asile et les sans-papiers déboutés, l’Office met tout en oeuvre afin de les renvoyer vers leur pays, coûte que coûte.

Rien que ce jour (17 septembre 2019), nous avons connaissance de 2 déportations forcées avec escorte :

A. du Sénégal en Belgique depuis 2015 qui nous dit avant son départ : “S’ils veulent vraiment me rapatrier, c’est mon cadavre qu’ils vont ramener parce que je suis vraiment prêt à tout”
Il a fui son pays, le Sénégal, en 2012 (il avait 15 ans) suite à l’attaque par des rebelles de son village et l’assassinat de ses parents et de sa sœur. Il a migré vers la Mauritanie, puis le Maroc, l’Espagne, et est arrivé en Belgique en 2015. Il a fait une demande d’asile à son arrivée en Belgique et en 2018 une demande de régularisation.
Il a été expulsé ce 17 septembre 2019 avec violence, accompagné d’une escorte après 5 mois de détention au centre fermé de Merksplas.

T. qui a subi une tentative d’expulsion vers l’Éthiopie après 6 mois de détention au centre fermé de Vottem : « Si on me renvoie dans mon pays, ma vie est finie. » « Je ne suis pas un criminel et on m’enferme ici, dans cet endroit où tout le monde devient fou » Audio http://www.gettingthevoiceout.org/audio-trois-demandes-dasile-refusees-si-le-gouvernement-belge-me-renvoie-en-ethiopie-ma-vie-est-finie/
Les grilles de lecture juridiques et culturelles ont mené au rejet du récit de T.
Les passagers du vol informés par des militants/hébergeurs présents au check-in à l’aéroport ont refusé de s’asseoir dans l’avion et ont exigé que T. et son escorte soient sortis de l’avion. T. a subi de graves violences de la part des policiers de son escorte et a été mis au cachot à son retour au centre fermé de Vottem.mainstream media: https://www.rtbf.be/info/belgique/detail_des-passagers-au-depart-de-bruxelles-empechent-l-expulsion-d-un-ethiopien?id=10318640

  • Deux ans en centre fermé !

Si suite à des recours ou des difficultés administratives l’Office des étrangers n’est pas en mesure de mettre la personne exilée dans un avion, il n’hésite pas à poursuivre sans relâche la pression en la maintenant enfermée en prison sans aucun procès. Nous avons connaissance d’un homme qui est détenu en centre fermé depuis 2 ans et d’une femme depuis bientôt un an.

ET LA ROUE RÉPRESSIVE CONTINUE DE TOURNER.

Les avocats adoptent leur stratégie contre ces lois scélérates, les emprisonnés luttent et témoignent, les militants et hébergeurs vont à l’aéroport pour sensibiliser les passagers à refuser ces expulsions, des passagers refusent de voyager avec des personnes menottées et parfois cagoulées, des pilotes font sortir les détenu·e·s de l’avion, jugeant leur présence dans l’appareil dangereuse, des activistes se mobilisent…

L’Office des étrangers et la police fédérale y mettent les moyens depuis des dizaines d’années: des escortes spéciales de la police fédérale sont formées pour expulser les récalcitrant·e·s à l’aide d’entraves infernales et des médicaments illégaux pour les calmer, des « body guards » sont formés par certaines compagnies aériennes, des policiers sont engagés pour « persuader » les passagers du bien-fondé de ces expulsions en leur faisant croire qu’il s’agit de criminels, que ce sont des “dangers publics”.

Bientôt nous aurons dans chaque vol partant de Bruxelles ou Charleroi à l’arrière de l’avion un·e exilé·e., accompagné·e ou pas par des policiers en civil, exilé·e jeté·e de notre pays comme un vulgaire déchet.

Qui sont les criminel·le·s ? L’État ou le Exilé·e ?

Tout cela sous couvert « des droits de l’homme » et de la politique « humaine mais ferme » de l’Office des Étrangers, un Etat dans l’Etat, dans un silence complet des ONG, des juges et des tribunaux, des droits de l’hommiste et de la société civile.

Résistons par tous les moyens à tous les niveaux pour empêcher toute expulsion !
Soutenons les révoltes des exilé·e·s et leurs refus d’embarquer.

 

STOP DEPORTATIONS
NOBORDERS

 

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