La politique de l’asile de Maggie De Block est dure, inhumaine et injuste

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media_l_5416382La politique de l’asile de Maggie De Block se résume en trois mots : dure, inhumaine et injuste.

Aref

Aref Hassanzada a demandé l’asile une première fois en 2009. Il avait fui l’Afghanistan car sa vie était en danger. L’Etat belge n’a pas voulu croire son histoire. Après le quatrième refus en 2012, Aref a décidé de rentrer en Afghanistan.

L’Etat belge a considéré qu’il était un menteur. Il a été licencié de son travail et a fini par passer la plupart de ses nuits dans les couloirs puants de la gare du Nord à Bruxelles. Un an après son retour en Afghanistan, il fut assassiné par un groupe de miliciens, plus que probablement des Talibans. Actuellement une enquête est en cours, mais une chose est sûre : il n’a pas menti.

L’histoire de Aref est une des rares dont nous avons connaissance. Et dans ce cas, c’est grâce à un de ses amis qui vit momentanément en Belgique. Sans cet ami, jamais nous n’aurions su qu’Aref a été tué. Mais qu’en est-il des centaines d’autres personnes renvoyées par la Belgique vers des pays comme l’Afghanistan, l’Irak et la Somalie ? Nous ne savons pas et ne le saurons jamais.

Le beau-fils parfait

Lorsqu’une histoire apparaît, comme celle de Parwais Sangari ou Navid Sharifi, tout est réduit à une histoire individuelle. Les médias et les politiques réduisent la totalité de la problématique de l’asile à de petites histoires. C’est une tactique consciente et voulue, « politico-émotionnelle » et « médiatico-émotionnelle ». Ce qui ne va pas dans la gestion d’asile n’est pas dénoncé et il est bien plus facile de jouer avec les émotions de l’opinion publique via des histoires individuelles.

Parwais et Navid ont dû retourner en Afghanistan malgré le fait qu’ils étaient bien intégrés et qu’ils avaient construit leur vie en Belgique. Comme vous et moi. Indignation totale. À juste titre. Et quand on constate qu’après tout, ils n’étaient pas parfaits (comme si l’homme parfait existerait), cette indignation a disparu aussitôt. Un petit détail fut agrandi et d’un coup, ni Navid ni Parwais était les beaux-fils parfaits dans nos yeux. Ces mineurs avaient fait un mauvais pas.

Maggie De Block a raison. Seule la perfection a sa place dans notre pays. Celui qui raconte le plus petit mensonge ou qui provoque la moindre petite dispute, n’a pas sa place chez nous. Qui ose faire cela (un Afghan dans ce cas) est immédiatement repéré. Ils sont tous pareils. Vas-y Maggie, renvoie-les. C’est bien connu que l’Afghanistan n’est pas si dangereux que ça….

L’Afghanistan : sans danger pour les Afghans, dangereux et « très problématique » pour tout le reste.

Sur le site web du ministère des affaires étrangères concernant les voyages en Afghanistan, on peut lire : « La situation en Afghanistan est dangereuse et très problématique. Tous les voyages touristiques sont absolument à déconseiller. »

Depuis plusieurs années, l’Afghanistan est considéré comme le deuxième pays le plus dangereux au monde. Seule la Somalie est pire. Et malgré cela, s’il faut en croire la secrétaire à l’asile et l’immigration, l’Afghanistan est sans danger.

Il n’y a pas si longtemps, un gouverneur a été assassiné par les Talibans, dans une mosquée. Quelques jours avant, deux enfants de 8 et 10 ans, soupçonnés d’espionner pour le gouvernement, ont également été abbatus par les Talibans. Oui Maggie, tu as raison, l’Afghanistan est absolument sans danger.

Les mythes au pays du lait et du miel

Une foule de gens sont persuadés que (presque) tous les Afghans veulent venir en Belgique, « Au pays du lait et du miel », pour citer le procureur Yves Liégois. Les chiffres du Haut Commissariat aux Réfugiés (UNHCR) contredisent ce genre de mythe.

La majorité des réfugiés afghans vivent au Pakistan et en Iran, près de 2 millions au total. Un tout petit nombre d’entre eux ont les moyens et la chance de fuir vers l’occident. En 2012, les demandes d’asile dans les pays développés atteignaient au total un nombre de 37.774 demandes. Les trois principales destinations étaient : l’Allemagne (7.500), la Suède (4.750) et la Turquie (4.400). En Belgique, durant l’année écoulée, seuls 2.600 Afghans ont fait une demande d’asile. Depuis que Maggie De Block est devenue secrétaire d’état, il y a deux ans, 4.680 Afghans ont fait une demande d’asile. Tous les Afghans au pays du lait et du miel, disiez-vous Maggie ? L’Afghanistan compte 30 millions d’habitants…

Encore une bonne chose à savoir : au cours de ces dix dernières années, près de 5.700.000 réfugiés afghans sont retournés en Afghanistan. Par contre, ces dernières années, le pays devient de plus en plus dangereux. On le remarque par le nombre important de personnes déplacées à l’intérieur du pays, obligées de fuir de la pression exercée par les Talibans. Rien que cette année, 600.000 personnes ont dû quitter leur maison à cause des combats et de la violence des Talibans. La plupart de ces personnes aboutissent dans des camps situés autour de la capitale Kaboul.

En 2014, les États-Unis vont se retirer d’Afghanistan. La plupart des habitants craignent que l’insécurité n’augmente parce que la gouvernement ne contrôle pas la situation et que les Talibans gagnent de plus en plus de terrain.

D’après le ministre en charge des réfugiés, Jamahir Anwari, le nombre de réfugiés augmentera de nouveau. C’est compréhensible quand l’insécurité s’intensifie. Ce n’est pas un hasard si les Afghans qui sont déportés de Belgique ou d’autres pays sont obligés d’entrer en clandestinité. Tout comme Parwais ou Navid, ils n’osent pas sortir de chez eux. Peut-on leur en vouloir d’avoir peur dans le deuxième pays le plus dangereux sur terre ?

Une opposition éteinte

Tout ça n’empêche pas Maggie de dormir. L’actuelle politique du gouvernement belge appliquée par Maggie est de renvoyer un maximum de personnes.

La première méthode, c’est la déportation. La seconde, le « retour volontaire », ce qui en fait est un synonyme de « déportation » . Qui donc aurait vraiment envie de retourner en Afghanistan ? Vers un pays en guerre ? Un pays où règne l’insécurité ?

Les gens ne prennent pas la fuite pour vivre une aventure, mais parce qu’ils n’ont pas le choix s’ils veulent survivre. Les réfugiés payent des milliers d’euros pour parvenir en Belgique, de l’argent rassemblé par les familles et qui s’endettent lourdement. Les réfugiés risquent leur vie !

Rien qu’en Méditerranée durant ces vingt dernières années, on a dénombré au moins 20.000 morts parmi les réfugiés. Comment Maggie et ses collègues osent-ils prétendre que ces personnes sont prêtes à retourner volontairement ? C’est un mensonge scandaleux.

Et pourtant, Maggie le fait ! Et elle n’est pas seule. Sa politique reçoit le soutien du gouvernement et de la plupart des partis politiques. Ce n’est que récemment que certains partis se sont manifestés, suite à ces quelques cas individuels. Mais ces réactions étaient bien vite étouffées. Ce n’est donc pas de ce côté qu’il faut chercher une voix contre cette politique d’asile inhumaine.

En Europe du Sud les gens ont toujours eu une tradition de sortir dans la rue et de manifester pour défendre les droits des réfugiés et des immigrants. Ces manifestations ont permis de faire des régularisations en Espagne et en Italie. En Belgique, pas un chat dans la rue pour dénoncer cette politique injuste. Cette tradition n’existe tout simplement pas.

En Belgique, les organisations de la société civile ont toujours joué un rôle important dans le domaine de l’immigration. La société civile faisait contre-poids à la politique. Mais ces dernières années, ça a changé. La plupart de ces organisations s’occupent des migrants et des réfugiés sur papier mais en réalité elles ont choisi leur camp. Avec Maggie elles sont les grands défenseurs du « retour volontaire ».

Un certain nombre de ces organisations ne constate que maintenant quelles sont les conséquences de cette politique. La question est de savoir si quelque chose va changer maintenant que De Block a obtenu des sondages politiques très favorables. Venant de rien, elle est actuellement devenue la seconde femme politique la plus populaire de Flandre. Elle va non seulement sauver son propre parti politique, le VLD, mais aussi Elio Di Rupo. C’est du moins ce que déclarent quotidiennement les journalistes et les faiseurs d’opinion.

La réalité en Afghanistan

Pourtant la politique de Maggie De Block peut se résumer en trois mots : dure, inhumaine et injuste. Le gouvernement afghan devrait refuser ces rapatriements tant qu’il n’est pas en mesure de garantir la sécurité de ses habitants. Les réfugiés n’ont pas d’avenir en Afghanistan.

Premièrement parce que c’est très dangereux en Afghanistan et leurs enfants ont grandi en Belgique et sont parfois ils sont même nés chez nous. En deuxième lieu, parce que ceux qui quittent l’Afghanistan sont abandonnés par ceux qui sont restés. Lors de leur retour, Parwais et Navid ont été livrés à eux-mêmes. Ils auront de la chance s’ils trouvent encore un membre de leur famille qui pourra/voudra les aider. Mais la plupart du temps ce n’est pas le cas car ces personnes ont elles-mêmes de grandes difficultés pour survivre.

Troisièmement les Talibans pourchassent ceux qui sont rentrés au pays, car nombreux sont les hommes qui se sont exilés parce que les Talibans voulaient les enrôler. Pour les Talibans, ces hommes sont des traîtres et quand ils reviennent de l’occident c’est pire. Ces Afghans occidentalisés, les Talibans les préfèrent voir morts que vifs.

La Belgique doit choisir 

Les avocats d’Aref ont fait savoir qu’ils veulent porter plainte contre la Belgique si la famille du jeune homme le demande. La Belgique a été condamné à plusieurs reprises à cause de la manière dont elle traite les réfugiés. Au vu de la politique actuelle, la Belgique doit faire un choix : sortir des conventions internationales, comme celle de Genève, ou les respecter et prendre ses responsabilités. Ce qui signifie appliquer une politique qui respecte et garantie les droits des réfugiés.

Concrètement, je demande l’arrêt immédiat des déportations (y compris les mal-nommés retours volontaires) vers les pays dangereux comme l’Afghanistan.

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