Parole d’un détenu dans un centre fermé depuis plus de quatre mois :
« Le centre fermé est une petite société en soi : On s’organise, on discute avec des gens du monde entier, on se dispute puis se réconcilie, on partage nos expériences et surtout on accueille les nouveaux venus et faisons nos adieux à ceux qui rentrent au pays. Je n’oublierai jamais cette expérience de micro-société. »
Quelques exemples de l’absurdité des enfermements
Une femme avec une carte de résidence en France est enfermée en vue d’une expulsion vers « son pays d’origine » . Après des recours juridiques interminables elle décide de se laisser expulser. Arrivée à l’aéroport de “son pays d’origine” elle prend un vol vers Paris avec sa carte de résidence française et retrouve sa famille à Paris.
Un homme de nationalité française se fait arrêter dans la rue mais n’a pas ses papiers d’identité sur lui. Il est amené en centre fermé . Il est identifié comme Serbe : “oui son arrière-grand-père a migré en France il y a bientôt un siècle “. Le temps de prouver sa nationalité, après 15 jours, il est expulsé vers la France
Un homme avec un passé judicaire a passé 8 mois en centre fermé en vue d’une expulsion. L’ambassade de son pays d’origine “supposé” a toujours refusé de lui délivrer un laissez-passer. Il a été libéré après ses 8 mois de détention avec un ordre de quitter le territoire. Que doit-il faire maintenant?
Au centre fermé 127bis, un monsieur guinéen de 74 ans, depuis 11 ans en Belgique, est enfermé depuis 7 mois maintenant…! Une deuxième tentative d’expulsion est prévue le 23/06/2016.
Des contrôles aux frontières :
A l’aéroport, la police aux frontières aux ordres de l’office des étrangers arrête avec discernement ceux qui pourraient bien « venir profiter de nos richesses » (dixit un membre de la police fédérale à un supposé migrant) :
Une femme arrive à l’aéroport avec un visa pour l’Allemagne et demande l’asile en Belgique. Elle est arrêtée ,amenée au centre fermé.Son expulsion est prévue pour l’Allemagne
Une femme arrive à l’aéroport avec un visa pour la France dans le but de voir des membres de sa famille résidant en France pendant ses vacances de 3 semaines. Elle est arrêtée et amenée au centre fermé en vue de son refoulement vers la Guinée. Après une semaine, elle décide de se faire refouler : « Je rentre au pays, c’est honteux ».
Un homme arrivé à l’aéroport avec un visa belge pour des vacances en Europe : il est arrêté à l’aéroport, isolé pendant 5 heures dans une pièce sans manger, ni boire, et finalement amené en centre fermé. Il décide de retourner au pays plutôt que de passer ses vacances en centre fermé!
Petite réflexion du frère de cet homme : « Mon frère était en règle avec toutes les conditions de visa. Je pense que ce serait nécessaire d’avoir un service d’assistance dans l’aéroport pour voir si tout est en règle avant de les amener en centre où il n’est plus possible de faire quelque chose ».
Ceci dit, les arrestations, les maintiens en centre fermé pendant parfois plus de 8 mois et les expulsions sont la règle et l’objectif principal!
Mais échec pour l’office et le CGRA : beaucoup trouvent le moyen de revenir grâce à des plus ou moins bienveillants “passeurs” pour retrouver leurs amis, leurs enfants, leur famille ou pour redemander l’asile car vraiment en danger dans leur pays, quoi qu’en pense le CGRA.