– LA VIOLENCE LORS DES EXPULSIONS –
L’histoire du matelas : Cette histoire a été entendue à plusieurs reprises.
« Lors de mes 2 dernières tentatives d’expulsion (j’en ai subi sept), dans le fourgon qui me ramenait en cellule, ils m’ont couché sur le sol, ont écrasé un matelas sur moi et l’ont roué de coups de pieds pendant un temps qui m’a paru infini ! Le matelas ne diminue en rien la douleur ressentie, mais il permet d’éviter les traces de coups sur la peau. Par contre, ce degré de violence gratuite a laissé beaucoup de traces dans mon coeur ! »
« Ils nous ont parlé et nous ont harcelé (Ils disent : « préparé au retour ») pendant des heures, toute la nuit, pour nous empêcher de dormir, alors que le vol prévu était à 10h du matin. »
« Elle a été séparée de son bébé. Il l’ont menacée en lui disant que son enfant serait envoyé ailleurs et perdu à jamais si elle continuait à résister. »
« Ils nous ont attaché de la tête aux pieds, puis les policiers nous ont porté des coups à différents endroits du corps, sur les côtes, les bras et la tête. »
« Pour m’emmener dans l’avion, les policiers m’ont porté à plusieurs, mes pieds ne touchaient plus terre pendant l’opération. »
« Ils m’ont déshabillé, m’ont arraché mon slip, m’ont fait faire des flexions pour voir si je ne cachais rien : « On va t’emballer comme une marchandise! » »
« Dans la camionnette de nouveau : tabassage, insultes : « sale putain »; « sale cochon noir »; « la prochaine fois ce sera avec les militaires! »… »
« J’ai été maintenue par 5 policiers pendant qu’un gardien me mettait un produit en bouche. Puis je suis tombée semi consciente. »
« Lors de ma deuxième tentative d’expulsion, les policiers m’ont démis la mâchoire, sans parler des humiliations, des insultes racistes et des coups reçus, attestés par le certificat du médecin de Vottem. »
« J’ai été emmené manu militari, en boxer, au pied de l’avion dans lequel j’ai refusé de monter. Alors j’ai été enfermé à moitié nu dans une pièce bétonnée et froide de 7h à 15h, sans boire ni manger. »
La gradation de la force utilisée lors des expulsions est fixée en trois étapes :
Lors de la première tentative d’expulsion, la personne peut en principe refuser de monter dans l’avion, et elle est alors ramenée au centre fermé. (Les témoignages montrent que la contrainte est souvent utilisée lors de la première tentative d’expulsion)
La deuxième étape est celle du départ forcé sans escorte, mais où des moyens techniques de contrainte sont prévus (on entend par là que l’emploi de la violence est accepté tacitement). Si la personne arrive à résister, elle est ramenée au centre fermé.
La troisième étape est celle de l’expulsion sous escorte. La personne est menottée et elle peut être « saucissonnée » (les poignets et les chevilles entravés par des bandes velcro). Le degré de violence est évidemment plus élevé après plusieurs tentatives d’expulsion. Les policiers sont encore moins «conciliants» face à quelqu’un qui a réussi à résister plusieurs fois…
Il existe aussi une quatrième possibilité, qui est celle de l’expulsion sur un « vol sécurisé ». Dans ces cas, des « moyens de contrainte spécifiques peuvent être utilisés » : casque en mousse de type « karaté full contact » pour éviter les chocs à la tête, ceinture de cuir équipée sur le côté de deux anneaux métalliques auxquels peuvent être attachés des bracelets en cuir fixés aux poignets, bandes velcro pour fixer la personne sur son siège… (On n’ose à peine imaginer quelles sont les conditions de voyage des personnes expulsées sur ces vols !)
Aujourd’hui, ce qui est interdit :
L’obstruction, totale ou partielle, des voies respiratoires. (Ils n’ont pas trouvé ça tout seuls, il a fallu qu’il y ait un mort pour en arriver à cette interdiction – souvenez-vous de SEMIRA ADAMU)
l’administration de calmants ou d’un quelconque médicament en vue de maîtriser la personne contre sa volonté.
L’usage de menottes doit demeurer strictement exceptionnel, particulièrement pendant les phases de décollage et d’atterrissage des aéronefs.
Vous remarquerez que cela ne correspond pas vraiment aux témoignages recueillis, et l’absence d’observateurs extérieurs lors des transferts et des expulsions donne à penser que ces interdictions (ou « principes de précaution ») ne sont pas vraiment respectés.
De plus aucune note sur l’utilisation du matelas comme « moyen de coercition » possible… Alors, initiative personnelle ou astuce que l’on se refile entre collègues de boulot ? »
Ce qui est autorisé par les textes :
La contrainte physique, la clef à l’épaule, la clef au bras appliquée dans le dos, la clef en patte de canard (bras plié dans le dos), la clef aux jambes, le genou dans la nuque, le menottage au sol, le portage à bord de l’avion…
Et tout ça bien sur, dans le plus grand respect de la personne expulsée, homme, femme ou enfant…
SEMIRA ADAMU (pour que l’on se souvienne, et que « le cas du coussin » ne se reproduise pas !)
Le 22 septembre 1998, lors de sa sixième tentative d’expulsion, Semira Adamu a trouvé la mort. Neuf gendarmes et trois membres de la sécurité de la Sabena avaient été mobilisés pour ce cas « particulièrement difficile ».
Les six gendarmes supplémentaires formaient un cercle autour d’elle pour faire écran aux autres passagers. Ses mains et ses pieds étaient ligotés avec des menottes en plastique, et quand les passagers sont entrés, elle a commencé à chanter. Immédiatement, les gendarmes lui ont mis le coussin devant la bouche et ils l’ont pliée en deux, en appliquant sur ses bras une « patte de canard » (bras tordus derrière le dos), et en poussant son visage dans le coussin qui se trouvait sur les genoux d’un des gendarmes. Les deux gendarmes lui ont appliqué la « technique du coussin » pendant près de 15 minutes. Semira a étouffé et est entrée dans le coma. Elle décéda le soir même aux cliniques St Luc à Bruxelles.
Les informations qui nous parviennent sont très inquiétantes ! Ce que l’on ne peut plus faire avec un coussin se fait maintenant avec des matelas à l’insu de tous !
NON aux centres fermés !
NON aux expulsions !
NON à la forteresse Europe !