Ce 29 juillet, un homme enfermé au centre fermé de Merksplas, (Anvers) nous alerte : les personnes qui y sont détenues sont démangées par des piqûres.
« On se gratte partout. Faites quelque chose s’il vous plaît. »
C’est dans l’un des blocs du centre (le bloc 3) que l’infestation a commencé. Un des détenus nous apprend aujourd’hui qu’un codétenu en provenance de ce bloc vient d’être transféré dans un autre centre, couvert de piqûres.
« On a trouvé des punaises de lit dans deux chambres, elles ont été fermées, mais pas les autres. »
« Pendant 3 jours je me suis gratté. »
« Il y a pas à manger, il y a pas de service médical, il y a des gens qui son malades, il y a des gens qui souffrent. »
« C‘est la merde ici. »
Il y a presque un an, les personnes enfermées dans les centres de Merkplsas mais aussi de Bruges et de Steenokkerzeel (127bis) nous informaient déjà d’une situation sanitaire similaire1. Ils nous disaient : « Ça devient invivable », en pointant du doigt la passivité du personnel face à ce problème grave.
Suite à ça, en septembre dernier, plusieurs personnes détenues au 127bis avaient mené une action de protestation pour faire entendre leurs revendications2 :
« Il faut qu’ils le ferment ce centre. Ou qu’ils le détruisent, mais bon, ça c’est dans nos rêves. Là au moins, il faut une rénovation et une désinfection. […] Là ça devient vraiment urgent. C’est pas une vie, ça nous touche mentalement comme physiquement. ».
Une quinzaine de personnes avaient décidé de passer une nuit dehors, sous la pluie, pour protester contre les conditions inacceptables.
Le centre fermé de Merksplas (en activité depuis 1994) est un des six centres fermés présents sur le territoire belge. Récemment, le gouvernement a investi à hauteur de 5 millions d’euros pour effectuer des travaux de rénovation dans un des blocs, et augmenter la capacité de détention de 40 nouvelles places3. Ces travaux viennent de prendre fin. Au total, le centre fermé de Merksplas peut aujourd’hui enfermer jusqu’à 180 personnes.
Pour marquer l’inauguration de ce bloc rénové, nous apprenions par un article du média flamand HLN4 la mise en scène cynique d’un exercice de simulation de brutalisation d’une personne sans-papiers en résistance, en présence de la ministre de l’asile et de la migration Anneleen Van Bossuyt. Cette dernière a odieusement déclaré à la suite de l’exercice qu’il n’est « pas si simple de mettre les sans-papiers dans un avion ». Aucun mot, bien sûr, sur les difficultés que représente la vie en centre fermé pour les personnes qui y sont détenues par l’État belge, ni la violence des expulsions, ni sur la situation sanitaire actuelle.
Tandis que des millions d’euros sont investis par le gouvernement dans le renforcement du système d’enfermement et d’expulsion, les personnes enfermées doivent tenter de survivre dans des chambres infestées de punaises de lit. Ces conditions de vie ignobles nous donnent une idée sur le niveau de déshumanisation des politiques de gestion des frontières.
Liberté pour toutes les personnes enfermées !
2 https://www.gettingthevoiceout.org/situation-critique-au-centre-ferme-127bis-les-detenus-passent-la-nuit-dehors/
3 https://www.dhnet.be/dernieres-depeches/2025/07/17/le-centre-ferme-de-merksplas-gagne-40-places-apres-renovation-SVNZGLWVTVD3XN7ZL2COUYTDOE/
4 https://www.hln.be/binnenland/vechtpartij-brandalarm-en-ontsnappingspoging-minister-van-bossuyt-speelt-sans-papiers-tijdens-oefening-in-gesloten-terugkeercentrum~a57b7477/





