Ce 13 mai, nous étions une vingtaine de personnes à crier notre rage contre les centres fermés [1] devant les centres 127bis et Caricole. | Publié le 14/05/2023
Source : https://stuut.info/Parloir-sauvage-aux-centres-fermes-de-Steenokkerzeel-1992
Situé à Steenockerzeel, le 127bis existe depuis 1994. Il a cyniquement été placé juste à côté de l’aéroport de Zaventem afin de réduire les coûts des explusions (forcées pour la plupart). Il est construit suivant un modèle carcéral. 4 ailes bordées de trois grillages. Le Caricole a lui été construit en 2010, à une centaine de mètres de distance. Dans cette prison sont principalement enfermées des personnes arrêtées à la frontière, à l’aéroport de Zaventem. Les conditions de détention de ces centres y sont très souvent dénoncées. Plusieurs témoignages recueillis au fil des années le prouvent [2].
Par cette action, nous voulons maintenir un contact avec les personnes enfermées, manifester physiquement notre solidarité, ainsi qu’échanger directement avec les détenu.e.s à travers les grillages. C’est pour nous un moyen de leur rappeler que de nombreuses personnes sont en profond désaccord avec les logiques répressives et racistes mises en place par l’Etat belge. Lors de cette action, des « parloirs sauvages » ont eu lieu. Nous avons pu échanger avec les personnes à l’intérieur, des slogans ont été scandés de concert et des numéros échangés.
Lors des échanges, les détenus ont crié « liberté ! ». Ils nous ont expliqué qu’ils étaient particulièrement nombreux à l’intérieur en ce moment.
Tous les retours n’ont pas été positifs. Un détenu du 127bis, visiblement désabusé par la manifestation a exprimé son agacement, pointant du doigt que ce genre d’action ne permettrait pas de libérer les personnes enfermées. Il est vrai que cette manifestation ne leur rendra pas la liberté. Et nous comprenons totalement ce genre de réaction, justifiée et légitime. Nous entendons ce constat et le partageons. Mais, en plus de communiquer un soutien direct aux personnes enfermées, ces manifestations sont pour nous une des étapes nécessaires à une lutte plus large contre les frontières et leur monde. C’est pourquoi il nous semble important de continuer à soutenir les personnes enfermées et à combattre les mécanismes de répression de l’Etat belge et de l’Union Européenne à l’égard des sans-papiers. Par ailleurs, des manifestations avaient déjà eu lieu ces derniers mois devant les centres fermés de Merksplas (suite à la mort d’une personne après une grève de la faim [3]), de Holsbeek (centre fermé pour femmes) ou de Vottem.
Aujourd’hui, ces politiques migratoires témoignent d’une fuite en
avant sécuritaire constante. L’Union Européenne est notamment sur le
point de faire adopter un Pacte Asile et Migration – visant à renforcer
les frontières extérieures de l’union européenne – avant les élections
européennes de 2024.
Sur le territoire européen, ces logiques répressives se traduisent par
la traque des personnes sans papiers, par l’enfermement et l’expulsion.
Par conséquent, des milliers de personnes, traquées sans relâche par les
autorités, risquent quotidiennement leur vie. Rappelons que ce 17 mai,
il y a cinq ans, une petite fille kurde de deux ans, Mawda, a été tuée
par la police belge [4].
Pendant ce temps, à l’intérieur des centres, des enfermé.e.s résistent, comme en témoigne l’émeute il y a peu au centre fermé de Merksplas [5]. Leur révolte résonne à l’extérieur des murs et des grilles. Solidarité avec les prisonnier.e.s. Liberté et régularisation pour tou.s.tes. Feu aux centres fermés !
Ni frontières, ni nations, liberté de circulation !