Ces derniers jours, de nombreux détenus du centre fermé de Bruges dénoncent lors des appels les conditions “indignes” d’enfermement : insalubrité, situation d’hygiène et sanitaire déplorable, manque de prise en charge médicale. Plusieurs détenus mentionnent des cas d’automutilation et l’absence de soins médicaux, et nous apprenons le 1er janvier qu’un détenu d’origine tunisienne aurait entamé son 12ème jour de grève de la faim.
Message reçu le 24 décembre : “ici on ne mange pas bien, pas bon soins pour nous, il y a des gens qui mangent des coupe–ongles et on envoie pas à l’hôpital pour voir.On dit attend la directrice, la personne a fait 2 semaines en bas sans aller fairede radio pour voir et un autre a mangé une bague ici aussi sans aller à hôpital.Ici c‘est la maltraitance, pas de droit de homme, ici on est avec des personnes malades mentaux, pas hygiène dans le centre, pas de visite de journaliste ici parce que ici on ne respecte pas les droits des étrangers, dans les centres fermes ils s‘ent foutent des personnes qui sont ici, on est comme des animaux pour eux, aides– nous àquitter “
Ce 2 janvier2024, à midi, une majorité de détenus des 2 blocs nous annonce qu’ils entament une grève de la faim pour dénoncer ces conditions d’enfermement. Dans l’heure qui suit, la direction les interpelle et menace d’appeler la police.
- Un détenu : “C‘est mon droit et mon choix de décider de me nourrir ou pas“
- La direction : “Vous êtes obligé de manger, sous la contrainte si il faut”
Très vite dans l’après-midi, une trentaine de policiers avec casques et boucliers débarquent dans les 2 blocs. Une vingtaine de détenus du premier bloc et 6 détenus du deuxième bloc sont mis au cachot. Nous perdons alors le contact avec plusieurs détenus, plus joignables par téléphone.
- “On a été amenés via un couloir inondé en chaussettes. On était plusieurs dans un cachot réservé à une personne. Nous avions très froid et rien pour nous couvrir. Certains ont été mis en isolation médicale par manque de place dans les cachots“
Dans la soirée et durant la nuit qui s’ensuit, certains détenus sont transférés dans d’autres centres (à notre connaissance, les centres fermés Caricole, Vottem Merksplas).
Un détenu transféré nous dit qu’on l’accuse dans un PV d’avoir cassé des choses et d’avoir été violent envers la police :
- “C’est faux. On sait bien que face à une troupe de robocops on a juste à fermer notre gueule. On s’est gentiment laissé se faire menotter pour être amenés par 4 flics chacun, au cachot“
Chaque mouvement de détenu⸱e⸱s en centre fermé est réprimé dans l’œuf pour éviter la propagation de toute protestation.