Résistances dans les centres fermés 03/02/2022

Centre fermé 127 bis à Steenokkerzeel

Ils sont 15 dans l’aile L1 au centre fermé 127 bis, dont trois en confinement. Ce 1 février 2022, ils ont décidé d’entamer une  grève de la faim pour protester notamment contre :

  • leurs conditions de détention
  • un manque d’information claire sur la durée de leur détention. Ils ne savent jamais combien de temps ils vont rester : “C’est la loterie”. Ils refusent une détention sans fin.

Ils demandent :

  • Leur libération quitte à avoir un OQT
  • L’arrêt des expulsions vers leur pays d’origine “où la majorité d’entre-nous ne sera pas le bienvenue”
  • Du respect de la part du personnel
  • On veut l’opinion publique avec nous
  • Être traités comme des humains : avec dignité
  • Un changement du système d’accueil
  • Un contact avec la presse
  • On demande une solidarité

Ils nous disent :

  • “Libérez-nous et laissez-nous tenter ailleurs. On peut accepter les procédures negatives , on respecte mais libérez-nous et laissez nous tenter ailleurs”
  • “On a encore une vie devant nous, laissez-nous vivre notre vie dignement”
  • Tout le monde a le droit de vivre”

A l’heure de la promenade ils ont décidé de refuser de remonter dans leur chambre. Le personnel de sécurité est venu et a expliqué que la direction viendrait discuter avec eux le lendemain, en ajoutant que si ils refusent de remonter ce serait avec la force quitte à appeler la police. Finalement suite à ces menaces ils sont remontés dans leur chambre et attendent la rencontre avec la direction.Ce 02 février, ils ont discuté avec la direction qui leur a dit ne rien pouvoir faire pour les décisions du CGRA ou de l’OE, mais qu’ils essaieront de faire ce qu’ils peuvent dans le centre.

AUDIO Ici deux des grévistes de la faim du centre fermé 127bis expliquent les raisons de leur action et pourquoi ils ont décidé de ne pas rentrer après la “promenade” dans la cour (transcription de l’audio plus bas )

Centre fermé de BRUGES :       

  • Ils sont 15. Ils demandent du “respect ” : “nous ne sommes pas des cochons”  
  • Ils protestent contre la présence d’un mineur parmi eux : “on enferme pas des enfants avec des  adultes, c’est comme notre petit frère”, 
  • Ils se plaignent d’un manque de soins médicaux et du manque d’hygiène.   
  • Suite au Corona, on leur interdit les séances vidéos avec la famille et les visites sont réduites.
  • Ceux qui refusent le test Civid sont mis en isolement
  • Ils mentionnent également le racisme du personnel et nous disent :        

“On ne veut pas d’avocat. Ces centres ne devraient juste pas exister ” Ils revendiquent la fermeture de tous les centres fermés !

Centre fermé  Merksplas :  

Tous sont diagnostiqués covid et en quarantaine : Ils sont depuis 4 semaines tous enfermés dans leur chambre. Pas de restau, pas d’activitées, promenade chacun séparé 1X / jour..Ne voit plus les autres détenus mais ils restent en contact par téléphone

” Il FAUT fermer ce centre”.

Centre fermé pour femmes à Holsbeek  :  

Toutes en quarantaine depuis ce 02/02/2022 : plus de visite d’avocats ou d’ amis. Elles sont enfermées dans leur chambre 23 heures sur 24.

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TRANSCRIPTION DE L’AUDIO

Deux des grévistes de la faim du centre fermé 127bis expliquent les raisons de leur action et pourquoi ils ont décidé de ne pas rentrer après la “promenade” dans la cour.

“- Ça va pas vraiment, ça va pas du tout. Les gens ont commencé la grève de la faim ici. Ah c’est chaud, tout le monde cette fois-ci. Plus personne ne va rentrer après la promenade, tout le monde va rester dans le froid dehors. Oué il faut que ça change évidemment.- Vous êtes combien ?- Treize. Oui parce qu’il n’y a pas beaucoup de personnes ici en ce moment. – Ok, et vous faites tous grève de la faim depuis quand ?- Depuis ce matin. – Et vous allez rester dans la cour à 3 heures cet après-midi, c’est ça ?- Oué, oué.- Et vous réclamez quoi ?- Dans quelques jours, ça fera huit mois pour moi et trois mois pour d’autres. Il y a un mineur ici même depuis peut-être trois mois. Les gens sont là et il n’y pas de suite en fait. Toujours des négatifs, des négatifs. Et leur seul problème c’est de nous attacher et nous ramener vers les problèmes qui nous attendent. Ça a été négatif et on n’a pas reçu l’asile, d’accord. Mais qu’on nous laisse tenter notre chance ailleurs et essayer d’avoir notre vie. Parce qu’ils vont nous  attacher et nous mettre dans l’avion pour nous ramener face à la mort qui nous attend, c’est pas leur problème. Et après, ils vont dire qu’ils auront pu sauver cette vie-là. Pour des manques de preuves, on te ramène pour faire face à des problèmes qui t’attendent alors. Bientôt huit mois et il n’y a pas de suite, tu n’es pas libéré, tu es là comme ça. Tu n’as commis aucun crime, tu es en prison comme ça, comme un criminel. Ici, tout est négativité, tout est négativité. Tout ce qu’ils ont, c’est retour, retour, retour. Si on avait pu retourner, on allait pas rester là plus de huit mois. On n’a commis aucun crime pour être emprisonnés comme ça. On a fui un problème pour se retrouver emprisonnés ? Ah, franchement c’est trop dur, c’est trop dur. Il y a d’autres personnes qui veulent parler. 
– Allo ? Bonjour. Nous sommes là ici depuis ce matin. Personne ne mange, personne ne fait rien ici. Nous avons décidé à 15h lors de la promenade là que nous n’avons pas besoin de rentrer, nous allons rester dans le froid, ici ça complique les choses. Nous avons vraiment besoin de votre aide, franchement.”

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