Sanctions :
L’enfermement des personnes dites “illégales” est la première et principale sanction : “Tu es illégale, donc ta place est en prison”. Cette sanction est prolongée par d’autres sanctions propres à tout enfermement : maltraitance physique et psychique, chantage, cachot, se terminant après plusieurs mois de détention par une expulsion ou une libération (avec un Ordre de Quitter le Territoire en général).
L’expulsé se retrouve dans son pays d’origine, parfois emprisonné de nouveau et souvent sans moyens.
http://www.gettingthevoiceout.org/a-quoi-sert-la-ligue-des-droits-de-lhomme/
“Et quand vous arrivez ici en Afrique, la manière dont on m’a déposé à l’aéroport, ils m’ont pris pour un criminel, un bandit. Tu dois d’abord passer par la prison, tu dois encore passer par la torture . Pour qu’on puisse te libérer tu dois encore payer beaucoup d’argent, des amendes.”
Le libéré a perdu tous ses avoirs (logements, moyens de subsistance…..). Il doit tout recommencer à zéro et risque fort de se retrouver de nouveau dans la clandestinité.
http://www.gettingthevoiceout.org/ce-sont-vraiment-des-prisons/
“Les gens ne se rendent pas compte. Imagine : j’ai fait 3 mois au centre fermé, j’ai perdu ma maison, donc je recommence à zéro… je suis dans la rue, il faut que le CPAS m’assiste, donc c’est quelque chose qui n’a abouti à rien ! C’est comme si on t’as juste fait une punition !”
Dès qu’une personne ne se plie pas aux exigences des gardien(ne)s, elle peut être sanctionnée. Que ce soit parce qu’elle a refusé de s’alimenter, qu’elle a refusé l’expulsion, lors de bagarres, de mutineries, qu’elle soit malade ou ai tenté de se suicider.
http://www.gettingthevoiceout.org/a-quoi-sert-la-ligue-des-droits-de-lhomme/
“On était traité comme des criminels, on n’avait même pas le droit de s’exprimer. Ils font tout ce qui leur semble bon : ils peuvent t’amener dans leurs cachots, et leurs cachots franchement, c’est inhumain”
Ces sanctions peuvent aller de la suspension des échanges de courriers, des communications téléphoniques et des visites, jusqu’à l’enfermement en cellule d’isolement (cachot), le transfert dans un autre centre , des menaces d’expulsion ou une expulsion manu militari. En pratique et d’après les témoignages récoltés, les sanctions les plus courantes sont le cachot, le transfert dans un autre centre, et l’expulsion manu miltari.
“Par exemple, si tu insultes quelqu’un, tu as un carton rouge, si tu as 3 cartons rouges tu es directement conduit au cachot ! (il rigole) Ah oui hein, c’est ça ! Moi, même avant de sortir, à cause du fait que je réclamais mon courrier, on m’a emmené au cachot.“
“Pour éviter un mouvement de solidarité: Expulsé dans le plus grand secret!”
http://www.gettingthevoiceout.org/cinquieme-tentative-dexpulsion-dun-congolais-dans-le-plus-grand-secret/
“La solidarité coûte cher dans les prisons”
http://www.gettingthevoiceout.org/centre-ferme-de-merksplas-2611-la-solidarite-coute-cher-dans-les-prisons/
D’autres sanctions sont les coups, les tabassages qui, dans certains centres, sont quotidiens:
http://www.gettingthevoiceout.org/il-nest-pas-encore-mort-si-vous-voulez-savoir/
“Puis je suis allée rendre visite à mon ami et quand je l’ai vu je suis tombée en larmes : il avait été battu si fort qu’il était couvert de bleus de la tête aux pieds. Il ne pouvait pas se tenir debout ni s’asseoir . Tout ça pour une cigarette !”
http://www.gettingthevoiceout.org/ils-nous-donnent-des-choses-a-manger-pour-quon-soit-calme/
“Oui très violent. Ils m’ont menotté. J’ai des cicatrices dans la main. J’ai reçu des coups dans la bouche, j’étais blessé. J’avais du sang dans mon œil. Mais eux ils s’en foutent. Ils disent que c’est rien. Tu es illégal, tu es illégal !
Il y a beaucoup de violence verbale de la part des vigiles. Et parfois quand ils t’arrêtent, quand ils t’amènent en cellule, ils peuvent êtres très violents, très très violents ! Ils peuvent te frapper, mais toujours avec des précautions pour que tu ne puisses pas porter plainte.
– C’est-à-dire ?
Ah, ben, ils mettent des gants, ils prennent des bottins, comme fait la police, et ils te tapent dessus”.
Ces violences là sont tenues secrètes, et ne reviennent dans aucun rapport officiel:
http://www.gettingthevoiceout.org/il-nest-pas-encore-mort-si-vous-voulez-savoir/
« Le médecin est venu parce qu’il ne pouvait pas se lever et a dit qu’il devait immédiatement être amené à l’hôpital.Le directeur et les gardiens ont immédiatement répondu “impossible de l’amener à l’hôpital , le monde extérieur apprendrait ce qui s’est passé ici”.
Ils l’ont mis en isolement pendant 24 heures avec surveillance, vu son état de santé.
L’ISOLEMENT
Il y a plusieurs type d’isolement : l’isolement “médical”, l’isolement “différencié” ou “adapté” et l’isolement “disciplinaire” : le discernement entre ces différentes mesures d’isolement est très confus. Les cellules utilisées pour ces isolements sont les mêmes, appelées par les prisonniers “le cachot” et la durée de l’isolement est très mal définie dans les règlements et souvent arbitraires1.
Aucun des prisonniers ne voit une différence entre ces différents types d’isolements et parle toujours d’une mise au “cachot”.
L’isolement “médical” ressemble dans certains centres à une mise au cachot, dans d’autres centres cette mise en isolement est un peu plus médicalisée : léger confort, présence régulière de personnel, mais restant toujours des plus précaires.
http://www.gettingthevoiceout.org/ici-on-vit-comme-des-chiens-et-tentative-de-suicide-au-centre-ferme-de-merksplas/
” Traitement des tentatives de suicide en centre fermé : Le week-end passé il était désespéré et a fait une tentative de suicide en avalant un nombre important de calmants. Il a été dans le coma et a été mis plusieurs jours dans une cellule médicale d’isolement. Une fois rétabli on l’a mis avec violence dans un cachot, pendant 24 heures. Au cachot il a à nouveau essayé de se suicider avec une fourchette et s’est mutilé le cou et les bras”
http://www.gettingthevoiceout.org/quand-je-le-vois-je-vois-la-mort/
“Avec nous, il y a un handicapé. Ca fait 4 jours qu’il n’a pas mangé. Aujourd’hui ils l’ont amené dans une chambre isolée. Ils lui ont dit que «tu vas rester ici, tu vas pas sortir avec les autres.» Même sa prière il ne vient pas la faire avec nous. Ce n’est pas humain ce qu’on subit ici.”
L’isolement “différencié” ou “adapté” est réservé à l’isolement de l’occupant qui mettrait en danger la sécurité et la tranquillité du groupe par son comportement et souvent aussi en tant que prolongation de l’isolement disciplinaire. Aucune règle n’entoure ce type d’isolement et la durée de cet enfermement est laissée au choix arbitraire des gardiens ou du directeur du centre”.
Ces cellules d’isolement servent également à séparer du groupe les personnes qui sont sur le point d’être expulsées. Dans la plupart des cas, elles y sont placées la veille de leur départ.
L’isolement disciplinaire est réservé pour toute contestation, grève de la faim, maladie, rébellion, “manque de respect” envers les gardiens, acte de solidarité. Cette mise en isolement ne peut normalement dépasser 24 heures qui peuvent être prolongées de 48 heures sur décision du directeur général de l’Office des Étrangers (OE) et ne peut légalement durer plus de 5 jours. Après les 5 jours, cette isolement “disciplinaire” est parfois prolongé par un isolement” différencié” dans la même cellule et dans les mêmes conditions, pour une durée indéterminé au choix des gardiens ou du directeur du centre.
Les “cachots” sont pourvus d’un matelas en mousse posé sur du béton, d’une couverture et d’une toilette dont parfois le détenu ne peut actionner le fonctionnement. Les détenus sont dépossédés de leur téléphone, n’ont pas droit à une sortie et n’ont aucun contact avec l’extérieur La porte comprend généralement une petite fenêtre type judas afin que de l’extérieur on puisse surveiller la personne, ôtant ainsi toute intimité. Des personnes appellent parfois plusieurs heures sans réponse. Il semble qu’il est arrivé de ne pas recevoir à manger pendant une journée, voir plusieurs jours.
Ces mesures d’isolement sous toutes ses formes sont LES mesures disciplinaires utilisés quotidiennement face à tout comportement jugé d’opposition allant de la rébellion, la grève de la faim, les mouvements de solidarité,la maladies, les crises de désespoir et les tentatives de suicide. Le but principal est de réprimer pour bien faire sentir qu’ils/elles sont indésirables et pour empêcher tout mouvement de protestation.
Ces exclusions par l’enfermement, que ce soient dans les prisons, les centres fermés, les hopitaux psychiatriques…… sont une pratique intrinsèque à l’ordre établit par l’Etat afin de garder un contrôle sur toute dérive, contestation, révolte qui pourraient menacer cet ordre établi.
1 Comité contre la torture des Nations Unies, Deuxième rapport de la Belgique, Rapport alternatif des ONG, septembre 2008, p.37 : http://www2.ohchr.org/english/bodies/cat/docs/ngos/LDH.pdf