06/O3/2019: Appel de la Voix des Sans-Papiers (VSP) de Bruxelles
Un de nos camarades, Diallo Ahmad Bailo, a été arrêté le 25/12 vers la gare du Nord puis transféré à Vottem. Depuis le 11/2, il avait des maux de ventre et réclamait un médecin: comme solution, le 15/2 ils l’ont mis en isolement le qualifiant de simulateur (il avait subi une opération au ventre en novembre).
Dans cette solitude, ce manque de justice, cette maltraitance personnelle et structurelle, malgré les alertes qu’on a lancées auprès de son avocat, rien n’a changé, il a décidé de mener une autre forme de lutte: la grève de la faim qu’il a commencée le 15 février pour attirer l’attention sur cette administration pénitentiaire robotisée (Vottem existe depuis 20 ans),répondant au gouvernement belge, qui n’en a rien à foutre de sa personne, ce combattant infatigable, toujours présent pour défendre la justice sociale, l’égalité, la dignité, la liberté.
On n’a plus le droit de réclamer nos droits et d’être considérés comme des êtres humains. Devons-nous subir et accepter cette injustice qui est la suite modernisée de la traite négrière? Nous avons assez subi, il est temps de changer la donne.
Le témoignage audio de Diallo Ahmad Bailo
Retranscription ci-dessous:
« Mon nom à moi c’est Diallo Ahmad Bailo. Je suis en centre fermé depuis le 25 décembre 2018, au centre fermé Vottem, à Liège. Je suis en Belgique depuis janvier 2014, je suis sans papiers depuis janvier 2014. Comme je suis sans papiers, ils m’ont surnommé “illégal”.
Normalement je suis né en Mauritanie mais mes parents sont d’origine guinéenne, de Guinée-Conakry. Mais moi, je suis né en Mauritanie. J’ai eu des informations hier avec mon avocat, l’Office des Etrangers voulait contacter l’Ambassade de la Guinée pour m’expulser vers la Guinée, mais moi je connais rien, presque rien du tout, de la Guinée. Je voulais qu’on m’expulse vers la Mauritanie. Par rapport à ma santé aussi : je suis malade depuis très longtemps. J’ai tout fait pour ne pas être expulsé mais je vois qu’il y a pas d’autre solution. [C’est toujours sans manger mais] j’ai arrêté de faire la grève de la faim, parce qu’au niveau de ma santé, je suis malade des fois (du foie?), je ne peux pas faire grève de la faim pendant longtemps. Comme ils ne m’ont pas libéré, j’ai arrêté de la faire [la grève de la faim].
Ici dans le centre fermé c’est pas comme dehors tout à fait les services médicaux, c’est juste te donner du paracétamol pour les maux de tête. C’est juste ça, il n’y a pas de service médical tout à fait normal comme si tu es libre dehors.
A l’intérieur, moi je suis là à l’isolement depuis 2 semaines, je suis tout seul dans une chambre. Je sors 30-40 minutes par jour, je prends une douche par jour. Il y a 3 repas par jour, il y a la télévision, mais je suis en isolement depuis deux semaines….
Depuis 2 semaines je dors pas, j’ai beaucoup de stress, beaucoup de cauchemars.
Il n’y a que la sécurité qui vient à chaque fois, je ne vois pas d’autres personnes. Je ne communique avec aucune autre personne. Ah, vraiment les autres travailleurs, ils sont pas tout à fait ouverts, seulement “bonjour”, “bonjour” et fini. Ils sont pas tout à fait ouverts. Pour moi c’est des gens, presque des racistes. Ils ne parlent avec personne, même pas “bonjour”, d’autres personnes te disent « bonjour », d’autres ils passent comme s’ils ne voient rien.
(…) communication coupée!