12/03/2023
De nombreux témoignages nous reviennent des centres relatant la violence dont fait preuve le personnel et les conditions de détention inhumaine. Pour rappel, les centres fermés ont comme objectif de placer les personnes sans titre de séjour en détention afin de les expulser du territoire belge.
Le fonctionnement d’un centre fermé est similaire à celui d’une prison.
Notre objectif est de dénoncer l’existence même de ces centres. Nous sommes régulièrement en contact avec des personnes détenues vivant de graves violations de leurs droits fondamentaux, isolées du reste du monde.
Ci-après, nous avons regroupé thématiquement plusieurs témoignages relatifs à la vie quotidienne en centre fermé:
Service médical
Chaque centre comporte un service médical auquel les personnes détenues peuvent adresser pour bénéficier de soins. La théorie est très loin de la pratique. Très régulièrement, nous recevons des témoignages de personnes à qui les soins sont refusés, ou dont les problèmes médicaux sont traités de manière superficielle. Très peu d’infrastructures prennent en compte la question de la santé mentale. A titre d’exemple, des personnes nous ont rapporté récemment :
“Tu demandes des soins : paracetamol. Tu as mal : paracetamol. Paracetamol pour tout et pour rien”.
“Tu as des problèmes psychologiques, t’es nerveux : calmant ou on te propose une piqûre”.
“Quand on parle au directeur des suivis médicaux, il dit qu’il n’a rien à voir avec ça… S’il est directeur il a à voir, c’est pas normal ça”.
Dialogue avec le personnel
Les personnes détenues relatent également avoir des contacts difficiles avec les membres du personnel. Ils considèrent très peu leurs demandes, et celles-ci donnent rarement lieu à des réponses positives. Dès qu’ils osent faire valoir leur droit ou réclamer un peu de dignité, ils sont directement punis ou alors mis dans une cellule isolée pendant de nombreuses heures.
“Dès que tu abordes une règle ou que tu veux proposer quelque chose, tu as droit à un “avertissement” ou le cachot pendant 24 heures” .
“On parle avec un mur,notre parole n’est pas prise en considération…Ça rentre d’un côté et ça sort de l’autre”.
Racisme
Les personnes détenues nous font également part du fait que les membres du personnel sont ouvertement racistes dans leurs paroles, leurs comportements, leurs attitudes…
“Il y a des gros racistes parmi le personnel”.
“Un gardien d’extrême droite, super raciste. Il mérite pas de travailler ici, même si tu es raciste, tu gardes ton racisme dehors. Ton racisme tu le gardes pour toi.T’as rien à faire ici avec ton racisme. On est des humains pas des animaux, même si on est en situation irrégulière”.
“On nous garde ici comme des animaux, tu vis ici depuis des années puis on t’enferme dans une prison parce que tu es étranger”.
“Je comprends pas, on est des humains, on a des enfants, des parents…”
“Les assistants sociaux connaissent rien, même pas un bonjour. Et tout est en flamand. On comprend rien”.
Nourriture
Les plaintes relatives à la qualité et la quantité de nourriture sont également très fréquentes.
“Le matin 7h15 : on ouvre la porte pour “déjeuner”: une tartine. A midi : des pommes de terre avec un semblant de sauce .Le soir à 18 heures : une tartine.
“Et si tu demandes un supplément ils jettent ce qui reste devant tes yeux dans la poubelle avec un grand sourire”.
Accès à un.e avocat.e
Chaque personne qui arrive en centre fermé a légalement droit à être défendue par un.e avocat.e intervenant dans le cadre de l’aide juridique ou à titre privé. Généralement, ce sont des avocat.e.s désignés.e. par le bureau d’aide juridique qui interviennent dans la défense des personnes en détention.
Il s’agit d’un contentieux où les personnes détenues se sentent souvent démunies, car elles ont très peu de répondant de la part des personnes qui les conseillent.
Elles se sentent abandonnées dans des méandres juridiques qu’elles ne comprennent pas. De plus, elles ne sont pas aidées par le personnel du centre qui se focalise sur leur expulsion.
“Mon avocat ne répond jamais au téléphone même si je lui ai donné de l’argent pour ma demande d’asile et pour le recours. Il a son argent, et moi j’aurai mon billet d’expulsion”.
Ces circonstances poussent les personnes dans leurs derniers retranchements et elles perdent parfois tout espoir:
“Y a des gens qui se coupent, y en a qui avalent des lames, des briquets, des piles ou qui entament des grèves de la faim”.
“On nous prolonge de 2 mois à 2 mois notre détention…jusque quand? Y en a qui sont ici depuis plus d’un an”.
“Y en a qui deviennent fous”.
“Je ne comprend pas.Vaut mieux mourir”.
“Je travaillais avant d’arriver ici. Maintenant qui va nourrir ma famille, mes enfants ?
” Y en a qui se laissent expulser après 9 ou 10 mois vers un pays qu’ils connaissent pas car marre d’être enfermés”.
FEU AUX CENTRES FERMÉS
#LibertéPourToustes