13/12/2019
On ne compte plus les appels à l’aide et les actes de désespoir et de résistance dans les centres fermés.
Résistances aux expulsions
Nombre de migrant.es sont expulsé.es vers leur pays Dublin, puis reviennent ou reprennent leur route migratoire.
D’autres qu’on veut renvoyer dans leur « pays d’origine » refusent avec énergie et sont soumis à de graves violences par leur escorte policière lors de leurs tentatives d’expulsion.
Il ne se passe pas une semaine sans que l’on reçoive des témoignages de tentatives d’expulsion extrêmement violentes et toujours accompagnés de propos racistes et humiliants.
La dernière en date, ce 9 décembre 2019 : « On l’a amenée de force en début d’après-midi, elle a été mise dans une cellule par 4 policiers et 2 policières. Les deux femmes sont restées dans la cellule. Elle a été déshabillée puis attachée. Avant d’aller dans l’avion, elle a été frappée. Une fois dans l’avion, elle a crié et pleuré, et des passagers ont réagi. Elle est finalement descendue de l’avion et a de nouveau subi des violences, notamment sur une main où elle avait déjà mal.
Les policiers lui ont dit qu’il n’y avait pas assez de place en Belgique, que c’était un petit pays et qu’elle devait repartir. »
Des petits groupes d’hébergeurs et d’activistes se forment pour aller à l’aéroport pour prévenir les passager.es de la présence d’une personne expulsée de force dans leur appareil, lorsqu’ils en ont connaissance. Des passagers s’opposent avec détermination à ces expulsions.
Tentatives d’évasions
14/10/2019 à Vottem :
Vers 14h ce mardi, deux détenus ont tenté de s’évader en escaladant les grillages, le premier en a été empêché par les gardiens, le second a escaladé et a fait une chute de 5 mètres. Il a été emmené à l’hôpital, grièvement blessé.
22/11/2019 au centre 127 bis :
Un homme a tenté d’escalader les grillages. Il a été attrapé puis transféré. On a perdu sa trace.
Témoignage d’une visiteuse : « Mamma mia, quel stress et douleur dans mon petit cœur… Assise en salle d’attente, en train de sympathiser avec les deux jeunes visiteurs de notre gentil brésilien estudiantin (qui s’est vu refuser son visa d’étudiant alors qu’il est en deuxième architecture, que ça fait 17 ans qu’il est ici, qui parle 4 langues… et qui a finalement décidé de signer ses papiers de retour volontaire), nous voyons la porte que nous empruntons d’habitude pour entrer dans le sas de contrôle (porte anti métal, casier pour mettre toutes ses affaires), plus d’une vingtaine de gardiens paniqués, courant vers l’extérieur avec grand cris, regards inquiets, contact radio… Les mecs ( et filles) courent pour rejoindre le passage autour de la cour, en direction du coin de la prison ( ouaiiiiis c’est un centre fermé, pas une prison on sait !) qui donne vers la chaussée. Le détenu à tenté de sauter au dessus des immenses clôtures ( vous imaginez le désespoir? Il n’y a aucun moyen de s’évader de là). Il s’est retrouvé dans la coursive, n’a pas réussi à passer la deuxième clôture et s’est fait choper. Je les ai tous vus revenir, le mec encadré de deux costauds, direction le trou, sans aucun doute. J’ai eu envie de croiser son regard, de poser ma main sur la vitre pour lui dire que j’étais avec lui, mais il ne m’a pas vue. Ça m’a déchiré le cœur, que ce gars se sente prêt à l’impossible malgré les risques de répression, punition plus sévère encore que la privation de liberté et la promesse de le renvoyer dans un pays où il ne
veut plus être… »
Tentatives de suicide :
Vottem 28/11/2019 :
Un homme s’est ouvert les veines ce matin après avoir appris qu’il devait être expulsé le lendemain. Il a été amené et on a perdu sa trace.
Vottem 11/11/2019 :
Un homme avec risque d’expulsion a avalé tous ses somnifères des 15 derniers jours d’un seul coup. Il s’est évanoui.
Il a été hospitalisé, puis a été libéré.
Holsbeek
Une femme, désespérée de devoir être séparée de ses enfants en cas d’expulsion s’est ouvert les veines. Elle a été amenée à l’hôpital puis ramenée au centre après avoir reçu des soins.
127bis 01/12 /2019
Message reçu d’un codétenu :
– Il y a 2 à 3 semaines un Afghan a reçu un ticket pour la Pologne. Il savait que s’il retournait en Pologne, il serait mis 2 ans en prison puis expulsé vers l’Afghanistan. Désespéré, il s’est alors coupé à 3 ou 4 reprises les veines avec une lame de rasoir. Il a été envoyé à l’hôpital mais est depuis lors revenu au centre.
– Il y a 4-5 jours un homme s’est aussi coupé avec une lame de rasoir. Il a été envoyé à l’hôpital et il n’est pas revenu. Ses co-détenus ne savent pas ce qu’il est devenu.
Grèves de la faim
Ils et elles sont très nombreux·ses à avoir entamé des grèves de la faim et/ou de la soif, parfois le seul moyen qui reste pour faire entendre leurs revendications.
Certain·e·s maintiennent leur action malgré les difficultés et les dangers pour leur santé.
Après une dizaine de jours, ils et elles sont mis·e·s parfois en isolement médical, mais le plus souvent dans un vrai cachot sans aucun contrôle médical. Certain·e·s disparaissent ou sont expulsé.e.s, d’autres finissent par être libéré·e·s après plusieurs semaines
Ces cas mentionnés ne sont que ceux qui nous sont signalés, mais nous sommes persuadé.e.s que vu la pression de l’administration des différents centres fermés pour ne pas faire sortir ces informations, ces actes sont malheureusement bien plus nombreux, ainsi que les déportations forcées avec escorte qui se passent dans l’anonymat et l’ombre la plus totale au moins deux fois par jour !
Nocamps
Stopdeportations