Audio : Un bloc où on t’enferme vingt-quatre heures sans manger ni boire

Témoignage d’un mois en demi au 127bis. Menace de punition en cas de grève de la faim. Deux tentatives d’expulsion, mais jamais d’information sur la situation à venir. Cette personne est dans un groupe de réserve en attente de plus de monde de la même nationalité. Les avocats ne sont pas prévenus en cas d’expulsion. 

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Un bloc où on t’enferme vingt-quatre heures ok

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En ce moment, vraiment, ici là c’est de la merde quoi et ça ne va pas du tout parce que les gens sont là et ne peuvent pas aller dehors.

Vous pouvez sortir mais pas longtemps ?
Non pas longtemps. Les conditions de vie ici sont vraiment horribles.

Ça fait longtemps que vous êtes là ? 
Oui, pratiquement un mois et demi. Oui, la même place. Même ici les gens ont dit de faire la grève de la faim pour que ça aille mieux. Seulement il y a certaines personnes qui sont malades donc elles sont obligées de manger pour prendre leurs médicaments.

Et donc vous avec commencé ou pas la grève ? 
On avait commencé mais ils ont dit que si les gens le font ici, ils vont appeler les policiers. Et là tu vois, si tu vas au bloc où on isole les gens, le bloc cinq… Tu fais 24 heure là bas, tu manges pas, tu bois pas, rien rien…

Mais là bas il y a un bloc où ils enferment les gens pour les punir et ils ne leur donnent ni à manger ni à boire ?
Oui même si tu as un rendez-vous pour partir, par exemple, voir l’avocat ou voir les gens de l’office des étranger ou bien si tu dois prendre un vol. Là bas ils vont t’enfermer…
Cela m’est arrivé deux ou trois fois.

Ils ont déjà essayé de vous expulser ? 
Oui, ils ont essayé deux fois… et puis ils ne t’informent pas. Ils vont te dire qu’il y a un vol spécial, puis ils viennent avec des policiers, à cinquante et quelques ou bien cent. Sans même te dire quoi que ce soit, ils te prennent, avec de la force si tu pars pas, ils te frappent. J’ai même un ami qui m’a appellé au pays, il est malade, vraiment, il est à l’hopital quoi. On l’a frappé frappé frappé…frappé

Parce qu’il a été expulsé sur un vol spécial ? 
Oui il a été frappé à mort.

Et vous ça vous est arrivé aussi ça ? 
Oui ça m’est arrivé deux fois je vous dis, deux fois !

Et pourquoi vous êtes pas partis avec les autre alors? 
Ils m’ont dit que je suis dans le groupe de réserve parce qu’il y avait beaucoup de gens, beaucoup de monde … il y avait presque dix-sept personnes. S’il y a beaucoup de monde, ils les mettent tous ensemble. Ils ont toujours pour projet de faire un rassemblement de nationalité au 127bis. quand vous atteignez un nombre de personnes, ils font venir les vols militaires et vous prennent par force pour vous envoyer en Afrique.

D’accord, et vous ils vous ont dit que vous serez sur un prochain vol collectif ? 
En quelque sorte c’est ça…

Ils ne vous ont rien dit encore ? 
Pas encore…Ils n’informent pas les gens. Ils ne te tiennent pas informé voilà…
Quand je suis venu là, j’ai demandé l’asile, ils ont pris mes affaires, ils m’ont fait faire un premier interview. Après ils m’ont dit voilà tu attends, on va te répondre. La réponse était la décision pour rentrer. Dès qu’ils ont la décision de l’office des étrangers et tout et tout… et bien là ils te préviennent seulement que tu dois partir, tu dois prendre tes affaires…

Donc vous aviez été transféré depuis Merksplas jusqu’au 127bis ? 
Oui.

Et là au 127bis, il y avait plein de policiers qui sont venus vous chercher ? 
Oui.

Et pourquoi le vol avait été annulé ? Il y avait une première tentative de vol ? 
L’avion avait un problème, ce qui fait qu’on ne pouvait pas prendre le vol. Ils m’ont renvoyé.

Donc vous êtes restés une soirée de plus au 127bis ? 
Ils ont dit ça comme ça… mais c’est pas vrai parce que l’avion ne peut pas avoir des problèmes comme ça…peut-être ils voulaient rassembler des gens en plus, ils voulaient amener plus de monde.

Et ils ont informé vos avocats quand ils ont voulu vous expulser ? 
Non, ils n’envoient pas les avocats mais c’est quand tu es là bas et que tu insistes, après ils vont te dire d’appeler maintenant l’avocat.

Et maintenant vous êtes encore beaucoup de Guinéens au centre ? 
Oui il y a beaucoup de monde là où je suis. On est trois guinéens… parce qu’ici c’est grand. Il y a les blocs là, bloc un, bloc deux…

Vous ne savez pas qui sont dans les autres blocs ? 
Voilà, les autres ils sont là bas. Et puis les gens là tu ne peux pas les voir. Quand vous vous sortez les autres rentrent et quand les autres rentrent vous, vous sortez…c’est comme  ça…

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