Une action de protestation collective rare au centre fermé Caricole après des violences policières

13 février 2024

Les personnes détenues au centre fermé Caricole ont contacté Getting the Voice Out pour faire part de la situation d’un de leurs co-détenus.

“Dans le courant de la semaine dernière, une personne détenue a été violentée lors d’une tentative d’expulsion. Elle avait introduit une demande de protection internationale en Belgique. Après une première réponse négative, elle avait souhaité introduire un recours. Son avocat lui avait répondu “qu’il n’avait pas le temps” alors que le délai de recours était déjà épuisé. L’Office des étrangers a alors organisé une tentative d’expulsion vers son pays d’origine. Elle est rentrée au centre après cette tentative avec ses chaussures trouées, une main cassée… Nous avons demandé des comptes au personnel du centre. On nous a dit que c’était la personne battue qui avait menacé les policiers. Comment une personne menottée aux mains et aux pieds peut-elle menacer les agents de l’ordre?”

Ces évènements ont amené les personnes détenues à entreprendre un mouvement de protestation. Elles dénoncent et revendiquent un changement sur les points suivants : 

– Violences multiples perpétrées par l’escorte policière lors des expulsions 

“Nous ne sommes pas d’accord avec la façon dont on brutalise les gens. Il y a de nombreux témoignages de violences. Une femme cubaine nous a dit récemment avoir été frappée, menacée, assommée. Elle s’est réveillée en plein vol. Nous ne sommes pas d’accord avec la façon dont les expulsions se passent, les droit de l’Homme ne sont pas respectés”.

– Problèmes liés au soutien juridique à l’intérieur des centres fermés

“Lorsqu’une personnes arrive au centre on lui donne un avocat. Les avocats disent qu’ils n’ont pas le temps de faire des recours et refusent de les introduire. Les avocats sont simplement là pour remplir une formalité. Une personne récemment arrivée dans le centre s’est entendu dire qu’elle n’avait pas droit à un avocat. J’ai dû appeler des avocats moi-même”. 

Le droit à la santé bafoué

“Beaucoup de gens sont malades ici, et la détention ne fait qu’aggraver la situation.  D’autres personnes étaient en bonne santé à leur arrivée et sont maintenant malades. On nous donne des cachets et on refuse de nous dire le nom. Quand je pose la question, on me dit que ce n’est pas important, que ce n’est pas un médicament et que ça va m’aider à dormir. Il n’y a que du personnel infirmier dans le centre. On demande des médecins mais on n’en voit jamais. De nombreuses personnes sont traumatisées et ça a des conséquences sur la santé. On mange du pain du matin au soir, comment vous voulez qu’on soit en bonne santé?” 

“Suite à tout cela, c’en est de trop”.

Indignés par les violences policières et par le traitement qui leur est réservé, les personnes détenues ont décidé de ne pas se rendre au réfectoire ce mardi 13 février 2024.

“On ne va pas manger de la journée, pas accéder à internet, pas utiliser la salle du jeux, ni la salle de gym. Il n’y aura pas d’activité de la journée. Nous allons tous nous regrouper dans une salle pour pouvoir rester unis, et applaudir notre collègue”. 

Cet événement n’est malheureusement pas un fait isolé. Getting the Voice Out rappelle le caractère systémique et systématique des violences physiques et psychologiques au cours des arrestations, durant l’enfermement, et pendant l’expulsion. Les morts et les blessés sont nombreux. 

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