Elle avait choisi de s’installer en Belgique un moment avec ses deux filles de 4 et 9 ans en septembre 2014. Elles avaient toutes les trois un visa Schengen valable pour 2 ans. Elles étaient installées à Bruxelles et les deux enfants allaient à l’école.
La maman devait faire un aller retour vers le Maroc lors d’un WE et avait confié ses enfants à une amie.
A son retour, le 24 novembre 2014, la maman est arrêtée à l’aéroport de Bruxelles car pour l’officier de service et l’Office des étrangers « ses intentions en venant en Belgique n’ étaient pas claires ».
Elle déclare à l’aéroport que 2 enfants l’attendent à Bruxelles et qu’elle doit les rejoindre.
Elle donne l’adresse où sont les enfants à l’office des étrangers.
Elle est amenée au centre fermé Caricole et arrive après plusieurs jours à alerter un réseau de la situation des enfants, qui vont se retrouver seules à l’appartement, la personne s’en occupant ne pouvant plus le faire, et que l’office, en connaissance de cause, ne s’étant pas inquiété sur le devenir de ces enfants.
Suite à cet appel les enfants sont pris en charge par des personnes en soutien, et les autorités compétentes sont prévenues. Les contacts entre les enfants et leur maman sont maintenus par des appels téléphoniques plusieurs fois par jour et par des visites au centre fermé .
La maman demande d’être libérée afin de rejoindre ses enfants, ou si il faut, que ses enfants soient amenés près d’elle. Elle demande de pouvoir vivre avec ses enfants en Belgique ou de repartir, toujours avec ses enfants.
Le problème pour l’Office serait qu’ elle est inadmissible sur le territoire et que par contre les enfants sont légaux sur le territoire. Elle doit être rapatriée, les enfants peuvent rester !
Des pressions sont entamées par son avocat, le Conseil général des Droits des Enfants et par le Service d’Aide à la Jeunesse sur Théo Francken, secrétaire d’État à l’Asile et aux Migrations et sur l’Office des étrangers, afin de permettre de réunir la maman et les enfants et de sortir de cette situation Kafkaïenne.
Suite à ces pressions l’office annonce le vendredi 05/12 à 18 heures une expulsion le lendemain matin à 8 heures de la maman avec les enfants. La maman serait amenée à l’aéroport et les enfants devaient être déposés à la police fédérale de l’aéroport a 8 heures du matin avec leur passeport. Vu le peu de transparence sur l’expulsion d’enfants « légaux », vu le peu de temps pour préparer les filles ,vu l’absence de passeport et vu les modalités de cette expulsion annoncées par l’Office des étrangers, la maman décide de refuser cette expulsion et refuse que ses enfants soient présentés à la police fédérale de l’aéroport.
Après 15 jours d’emprisonnement,la séparation de ses filles et le peu d’alternatives possibles, la maman décide, épuisée et dégoûtée, de retourner au pays en payant le voyage pour elle et ses enfants.
Le voyage serait prévu pour le jeudi 11/12 à 12h., l’assistant social du centre affirmant qu’ ainsi elle et ses enfants pourront continuer à être libres de circuler et de voyager avec leurs visas qui resteraient valables.
Les modalités de ce retour sont discutées péniblement par l’assistant social du centre avec l’office afin que les enfants soient ménagés et qu’ils soient mis dans l’avion près de la maman sans passer par la police fédérale, vu qu’il ne s’agit pas d’une expulsion mais d’un retour volontaire, financé par la maman.
Nouvelle entourloupette de l’Office des étrangers :
Mais plutôt que de laisser cette petite famille partir en toute sérénité, nouvel acharnement de l’Office des Étrangers: il décide, sans prévenir personne, de court-circuiter la prise en charge du voyage par la maman et de payer les tickets d’avion pour les enfants, tandis que celui de la maman est payé par la compagnie aérienne, dans le but probable de transformer ce « retour volontaire » en une « expulsion » et de pouvoir cacheter les passeports de madame et des enfants d’un interdit de l’espace Schengen pour une période de 5 ans.
Lors de l’escale à Casablanca Madame a été longuement interrogée par la police marocaine sur les raisons de cette « expulsion », et il a été très difficile pour elle de reprendre un vol vers la destination prévue, Tanger, les tickets n’étant pas enregistrés par l’office.
Elles sont finalement arrivées à Tanger le lendemain vers 4h du matin avec dans leurs poches leurs interdictions de revenir dans l’espace Schengen pour une période de 5 ans et se retrouvent dans les “fichiers” de la police marocaine !
ECHEC ET MAT !
Grâce à cette expulsion, l’office a réussi à balayer le “problème” d’une revers de la main, se débarrassant du même coup des pressions insistantes des diverses associations des droits de l’enfant, qui pointaient leur négligence manifeste, ne s’inquiétant pas sur le sort des enfants laissées seules après l’arrestation de la maman .
L’office a réussi par un subterfuge dont ils sont spécialistes à transformer un retour volontaire (forcé) en un rapatriement forcé d’une dame en règle de visa, mais jugée « suspecte », et à expulser ses 2 enfants qu’ils déclaraient précédemment « légaux » sur le territoire.
L’office a réussi à nouveau à appliquer son objectif de base : restriction répressive de la liberté de circulation et d’installation : Ils appellent cela « le contrôle des fluxs migratoires ».