Vous pouvez fermer les centres fermés ?

09 mars 2011 – Discussion téléphonique avec une dame d’origine congolaise qui vient de subir une expulsion après avoir passé 4 mois en centre fermé, et qui se trouve à Kinshasa.

Écouter le témoignage :

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Est ce que vous pouvez me raconter un peu comment ça s’est passé ?

On m’a escorté. Jusqu’à maintenant j’ai mal au dos, mal au ventre, à cause de l’escorte. On m’a mit une escorte pour que je n’arrive pas à bouger, à faire des mouvements. Les policiers étaient nombreux dans l’avion.

Ils vous ont attaché les bras et les jambes ?

Oui

Et ils vous ont porté dans l’avion ou vous marchiez ?

L’escorte m’a porté dans l’avion. J’ai pleuré, je disais : “Qu’est ce que j’ai fait ? Je n’ai pas fait de mal ! A cause des papiers seulement ? “
Ils ont dit : “Non, tu vas partir!”. Ils étaient nombreux !

Est qu’est ce qu’ils vous ont dit ?

“Tu ne vas pas rester ici en Belgique, tu vas partir, même si tu pleure, même si tu fais tout ça, tu vas partir ! “. Et je n’avais pas moyen de bouger ni de faire un effort pour sortir de l’avion ! Je suis au Congo mais je n’ai pas de maison, je n’ai pas d’endroit où je peux manger ! Je n’ai rien ! Il y a beaucoup de souffrance ici.
Je n’ai pas volé, je n’ai pas fraudé, je n’ai pas tué, je n’ai pas vendu de drogues… mais ils m’ont dit : “Tu n’es pas en ordre, tu vas quitter la Belgique !”

Ca fait combien de temps que vous viviez en Belgique ?

J’ai fait 4 ans en Belgique ! Avant, j’avais la carte orange. Maintenant j’ai toujours un recours en ordre pour la demande de régularisation. On attend toujours la réponse, je ne sais pas ce qu’ils vont faire avec ça.

Et vous ne vouliez pas rentrer au Congo ?

Je ne voulais pas rentrer au Congo ! Mais avec l’escorte, et comme j’étais seule… j’ai fait 4 mois 13 jours au centre 127 bis ! 4 mois 13 jours !

C’était dur ?

Oui c’était dur, on ne mange pas bien, il n’y a pas de savon… c’est une souffrance vraiment. Les gens qui sont resté là-bas, vraiment, ils souffrent ! Chaque soir, il n’y a que du pain, du pain, du pain ! Chaque soir !

Et dans l’avion comment ça s’est passé ? Les gens n’ont pas bougé pour vous aider ?

Si, les gens disaient : “Pourquoi vous lui faites ça ? Laissez la, laissez la fille ! Elle ne veut pas rentrer ! Laissez la ! A cause d’elle, nous allons rater l’avion !”
Les 2 policiers qui étaient avec moi ont appelé les renforts, parce que les passagers ont dit : “Si la fille rentre ici, nous allons descendre et vous irez seulement avec elle ! “
Ils ont appelé les policiers qui sont venus nombreux. Donc il n’y avait pas moyen que les gens puissent parler pour moi.

Les gens voulaient vous aider quand même ?

Oui, mais à cause des policiers, ils restaient à leurs places. Moi j’ai pleuré, j’ai pleuré jusqu’à ce qu’on arrive au Congo !

Et ils ont été violents avec vous lors de l’expulsion ?

Oui, on m’a fait monter de force dans l’avion ! Ils ne voulaient pas que les gens me voient ! Ils me cachaient, ils étaient nombreux, ils se mettaient devant moi pour que les gens ne me voient pas !

Et maintenant vous êtes à Kinshasa ?

Oui, ils m’ont laissé à l’aéroport, ils m’ont donné aux policiers, qui m’ont mit au cachot encore ! Ils m’ont frappé, ils m’ont fait des violences, vraiment, c’est pas gentil ! Je viens de sortir hier soir !

Qu’est ce que vous pensez des centres fermés ?

Est-ce que vous pouvez fermer ça ? Il faut fermer ça, ce n’est pas bien, ce n’est pas gentil !  Vous pouvez fermer les centres fermés s’il vous plaît ? Vous pouvez les fermer, et vous laissez les gens tranquilles ! Moi j’ai été là-bas, je vous le dis, ce n’est pas bon. Les gens qui sont resté là-bas, ils souffrent !

Ok, et bien on va en parler mais ce n’est pas facile… ça va ?

Oui ça va merci.

Je vous souhaite beaucoup de courage.

Merci, à bientôt.

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