30/03/2020·
À l’heure où en France certains centres de rétention sont vidés à cause du Coronavirus et alors que d’autres centres fermés brûlent en Italie, les centres fermés en Belgique sont toujours bien remplis. Remplis de détenu·e·s à qui aucune ou très peu d’informations ne sont communiquées. Nous recevons énormément d’appels de prisonnier·e·s extrêmement stressé·e·s par la situation.
Dans plusieurs centres, les détenu·e·s essaient de résister et font entendre leurs voix en organisant des réunions, des actions collectives, des manifestations, des rencontres avec les directions des centres, des grèves de la faim, et parfois des actions moins pacifistes. Leurs protestations sont souvent réprimées, notamment par des mises au cachot pour représailles.Article de Knack:https://www.knack.be/nieuws/belgie/asielzoekers-opgesloten-maar-niet-beschermd-tegen-corona/article-longread-1582095.html
La semaine dernière, quelques personnes enfermées dans l’aile L du centre 127bis, à bout de nerfs, ont “pété un cable” et exprimé leur colère en protestant. “It was real war” nous indiquait un témoin. Leur révolte a néanmoins été réprimée et plusieurs ont été mis au cachot.
Des libérations spontanées de 200 à 300 personnes ont eu lieu sur les 700 personnes enfermées au début du mois de mars, uniquement les personnes “malades et vulnérables” selon l’Office des Étrangers. Ces libérations se font néanmoins au compte-goutte et de façon aléatoire à l’appréciation de l’Office des Étrangers qui aurait peur de ne pas donner une “bonne image” en libérant tout le monde d’un coup.
Des mises en demeure et des recours devant les tribunaux en réponse au caractère illégal de la détention en période de Coronavirus permettent de libérer des détenu·e·s, mais les centres fermés détiennent toujours un certain nombre de personnes. Il est scandaleux que des détenu·e·s ne soient libéré·e·s que par l’intervention de tiers du fait du caractère illégal de ces détentions. Certains assistants sociaux tentent même de dissuader les détenu·e·s d’entreprendre des démarches, car “prendre un avocat empêchera leur libération”.
À l’intérieur des centres fermés, le stress causé par la situation est très élevé. La plupart des détenu·e·s n’obtiennent des informations que par la télévision. Les détenu·e·s vivent avec la peur que le virus pénètre dans le centre fermé à travers le personnel qui y travaille et continue de faire des allées et venues depuis l’extérieur.
“A la prison à côté a Turnhout, il y a eu un cas testé positif coronavirus, je suis inquiet, j’ai vu ça dans les informations. A la prison de Forest aussi. Tout le monde ici est inquiet parce que ici c’est sûr qu’il y a aussi des malades. C’est 60 personnes qui travaillent tous les jours ici dans le centre. La situation est vraiment dangereuse. On n’a pas d’informations, on ne nous dit rien . On libère certaines personnes parce qu’ils doivent réduire et puis d’autres restent ici, on ne sait pas pourquoi, alors qu’on n’a rien fait de mal.” nous partage un détenu de Merksplas.
Les détenu·e·s se rendent bien compte du décalage entre leur sort et ce qui se passe à l’extérieur. Les conditions d’hygiène sont très critiques et dangereuses. Les détenu·e·s continuent de vivre à plusieurs dans des chambres, dans les espaces communs comme les réfectoires, les sanitaires, etc. Très peu de mesures sont prises, il n’y a quasiment pas de masques, de gants, ni de gel désinfectant pour le staff ou les détenu·e·s.
Au centre fermé de Merksplas: “Nous sommes trois dans chaque chambre à utiliser les mêmes toilettes et la même douche et 20 personnes partent près les unes des autres dans ce bloc. Rien n’est fait pour nous protéger du virus, nous mangeons et jouons ensemble, nous touchons les mêmes portes et nous fumons dans la même pièce. Il y a beaucoup de gens qui travaillent dans ce bloc, qui entrent et sortent. Personne ne porte de masque ici et il n’y a pas de machine pour contrôler le virus.Nous avons vu à la télévision que deux prisonniers de la prison de Merksplas ont été touchés. Si tout le monde tombe malade, que vont-ils faire ? Ils doivent vider et fermer le centre pour que tout le monde puisse rester en bonne santé !”
Dans les centres fermés de Bruges et de Holsbeek, “les médicaments sont donnés de la main à la main, sans gants ni masque.”
Par ailleurs, une visite parlementaire a même été refusée au centre fermé de Vottem (Liège). Aucun contrôle extérieur n’est possible pour le moment. https://www.todayinliege.be/lacces-au-centre-ferme-de-vottem-refuse-a-la-deputee-sarah-schlitz-une-violation-flagrante-de-larrete-royal/
Dans les centres, certain·e·s sont enfermé·e·s depuis plusieurs mois. L’un d’entre eux attend depuis 8 mois son expulsion vers le Bangladesh. Certains sont sous l’application de la dite double peine. Il s’agit de situations dans lesquelles des personnes ont été condamnées à des peines pour troubles à l’ordre public, ont accompli leurs peines puis, à la sortie de prison, sont directement amenées en centre fermé pour être expulsées. Certains d’entre eux ont des parents, des femmes et des enfants ici en Belgique.https://www.revuenouvelle.be/Le-retour-de-la-double-peine
Nous demandons la libération immédiate de tou·te·s les détenu·e·s des centres fermés. Les maintenir derrière ces murs alors que la Belgique entière se confine est inadmissible. Nous demandons la fermeture définitive de tous les centres, des camps et des hotspots ainsi que la régularisation de toutes les personnes sans-papiers.
LIBERTÉ pour tous et toutes avec ou sans papiers.