Le pouvoir de vie ou de mort

07/02/2015

Achille Gnapi est un opposant politique ivoirien actif contre le régime actuel. Il a dû fuir ce pays avec toute sa famille; leurs vies étant menacées. Certains sont au Ghana, sous protection subsidaire, un autre est demandeur d’asile en Chine.
Achille est arrivé fin 2006 en Belgique pour demander l’asile. A l’issue de sa 4ème demande qui avait fait l’objet d’un refus de reconnaissance de la qualité de réfugié, un recours a été introduit devant le Conseil du Contentieux des Etrangers (CCE). Ce recours a été examiné le 29 janvier 2015 par le CCE, malgré le fait que ni l’avocat, ni Mr Gnapi n’aient été avisés à temps de cette audience.

Ce même jour, il a reçu un ordre de départ vers la Côte d’Ivoire, alors que la réponse du CCE n’était toujours pas rendue, retour programmé pour ce samedi 31 janvier à 14H. Mr Gnapi a refusé cette seconde tentative d’expulsion.

La situation des prisonniers politiques dits “pro-Gbagbo” en Côte d’Ivoire est des plus difficiles et a fait l’objet de très nombreux rapports d’ONG comme HRW, AMNESTY INTERNATIONAL et même du rapporteur spécial des droits de l’Homme de l’ONU, lesquels  concluent tous à des traitements inhumains et dégradants, et à une justice des “vainqueurs”  qui ne visent qu’un seul camp.

Un retour de Mr Gnapi, en tant que débouté de l’asile risque de l’exposer à un préjudice grave, difficilement réparable.

Extrait d’un rapport d’Amnesty rédigé en 2013, intitulé « la loi des vainqueurs » et qui dénonce la répression que subissent les opposant politiques, (ou toute personne jugée pouvant en être une) :
« Ces personnes ont été détenues parfois durant de longues périodes dans des lieux de détention non reconnus comme tels et où beaucoup d’entre elles ont été victimes de tortures et de mauvais traitements. Certaines ont été inculpées, souvent sur la base d’« aveux » extorqués sous la torture, d’une longue liste de charges similaires, notamment d’atteinte à la défense nationale, d’attentat ou de complot contre l’autorité de l’État et de constitution de bandes armées. D’autres ont été libérées sans inculpation suite à plusieurs semaines de détention arbitraire et parfois après avoir payé des rançons à leurs geôliers. »
http://www.amnesty.org/fr/library/asset/AFR31/001/2013/fr/028f70d7-8f37-4a40-ad71-71c9e8369a41/afr310012013fr.pdf

Cela va faire 4 mois et demi qu’il est au centre fermé de Bruges.
Quand on lui demande ce qui se passe dans le centre voici ce qu’il répond : « Ici il n’y a pas de droit, vous êtes toujours en tort, parce que vous êtes un prisonnier, un étranger. Ca détruit le mental, l’esprit »

Tout  son entourage et toutes ses relations refusent qu’Achille soit expulsé, témoignant tous des dangers évidents auxquels il sera exposé en Côte d’Ivoire.

Encore une fois, l’Office des Etrangers et le Commissariat Général aux Réfugiés et aux Apatrides (CGRA) usent d’un pouvoir de vie et de mort sur les gens en veillant à les détruire complètement.
Entre les enfants privés de leur mère, les Congolais destinés au même sort que Mr Gnapi, Mr Larbaoui avec sa double peine qui s’est transformée en triple, voire quadruple peine, entre tous ces gens qui ont tenté de mettre fin à leurs jours dans ces centres fermés et ceux qui ont réussi, entre ceux qui sont morts en rentrant comme Aref, un jeune Afghan… l’Office des Étrangers et le CGRA n’en sont pas au bout de leur palmarès.

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