8 mars 2012 – Témoignage d’une jeune fille enfermée au centre 127bis, qui a assisté impuissante à l’expulsion collective vers le Congo.
Écouter le témoignage :
Ce n’est pas logique de traiter les gens de cette facon
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Dis moi un peu, que s’est-il passé mardi quand tous les Congolais ont été expulsés, qu’est ce que tu as vu?
Par la fenêtre on les a vus passer un par un, ils étaient menottés, ils étaient au moins 18 personnes, la 19ème personne qui est passée, elle était en singlet et on lui avait tiré son pantalon, son singlet était tout blanc et sur son singlet il y avait une tâche de sang.
Sur son visage ça se voyait qu’il avait été battu, à sa bouche ça se voyait comme si ça saignait, comme s’il était blessé.
D’après les garçons qui l’ont vu sortir, ils ont dit qu’il était blessé à la tête, franchement son singlet était tout blanc, ça pouvait se voir.
Les autres sortaient naturellement, dans le calme, mais lui il était tenu dans son pantalon, il n’avait même pas de ceinture. En plus, c’était bizarre parce que tous les autres sont montés dans le même bus et lui est monté dans une camionnette tout seul, avec quand même un grand nombre de policiers.
Il y avait beaucoup de policiers ?
Oui.
Pour lui tout seul ou pour les autres aussi?
Non, il était dans une camionnette tout seul, il y a deux personnes qui sont rentrées dans deux camionnettes tout seul, lui et une fille , donc deux personnes sont montées dans deux petits mini bus tout seuls, et les autres étaient dans une autre camionnette.
C’est ce que tu as vu toi, ça t’a fort choquée?
Franchement ça m’a vraiment choquée de voir comment on emmène les gens comme des animaux.
Et après, ils sont partis en bus et en camionnettes?
Oui, c’étaient des bus comme ceux qui circulent en ville, des grands bus. De l’autre côté de la route, il y avait au moins 5 camions de policiers. Pour 19 personnes, ramener tout ça… on croirait que ce sont des criminels, ce n’est quand même pas raisonnable, ce n’est quand même pas logique de traiter les gens de cette façon, on n’est quand même pas des criminels.
Pour l’instant ça se passe comment au centre fermé?
C’est calme, en quelque sorte, mais on est un peu traumatisé, comme moi depuis ce jour là, je vous jure que ça me rend malade, ça me stresse à chaque fois que je dors, je m’imagine que ça peut m’arriver.
Une nuit tu t’endors, on vient te menotter, te prendre, c’est tellement choquant… Tu es avec quelqu’un, on vient, on t’appelle, oui, c’est l’assistante qui t’appelle, elle veut te parler, et c’est comme ça qu’on isole quelqu’un. Vous imaginez un peu dans quel état on peut être, le stress d’être pris et isolé pendant 24 heures et d’entendre ensuite que le vol est pour demain.
Venir prendre une personne et pas tout simplement la ramener normalement, mais menottée comme ça, avec tous ces policiers là, ces camions de police qui vous suivent, on dirait quelqu’un qui va s’échapper dans les airs… c’est quand même très choquant.
On ne sait pas ce qui nous attend demain.
Ces gens, ce ne sont pas des combattants, ils n’ont même pas participé aux troubles qui se sont passés au Matongé et on leur rejette ça sur leur tête, ce sont eux qui vont subir les conséquences des gens qui ont fait ça, pourtant ceux qui ont fait ça vivent tranquillement en liberté. C’est trop malheureux de le savoir…
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