17/12/2018: Le carrousel des enfermements/ libérations d’exilé.e.s attrapé.e.s dans les gares et parkings dans tout le pays continue.
Rien qu’en novembre, 73 arrestations nous ont été signalées par les hébergeur.se.s, dont 60 ont été libéré.e.s dans les jours qui ont suivi, en général grâce à l’intervention rapide d’avocats qui introduisent un recours en extrême urgence au CCE.
Parmi les exilés en transit en Belgique on compte à ce jour, basant nos chiffres sur les annonces des hébergeurs de la plateforme
au centre fermé 127bis : 35 exilés de passage enfermés
au centre fermé Caricole : 3
au centre ferlé de Bruges : 51
Au centre fermé de Merkplas : 7
au centre fermé de Vottem : 8 enfermés
Et 12 exilés à notre connaissance ont été mis en prison
L’office des Étrangers à la manœuvre :
-Pour éviter ces recours, une des stratégies de l’Office est de faire dire par leurs travailleurs dans les centres fermés que se faire défendre par un avocat empêchera leurs libérations.
Remarque d’un avocat : « il est important d’avertir que certaines AS prétendent qu’une libération sera possible pour autant qu’ils ne prennent pas d’avocat. Ceci est bien évidemment totalement faux. »
Parole d’une hébergeuse : » la rumeur court dans les centres fermés que tes chances sont moindres de sortir si tu prends un avocat et donc ils ne signent pas le fameux papier de décharge. »
Dans les faits , l’absence d’un avocat empêchera le recours à leur arrestation devant le CCE. L’exilé.e restera enfermé en vue d’une expulsion dans les semaines qui suivent…
-Une autre manœuvre de l’Office est de faire barrage aux informations sur la présence de personnes enfermées dans les centres. Pour exemple, 8 Syriens étaient enfermés au 127 bis . L’accueil du centre confirmait à plusieurs reprises qu’ils n’étaient pas là. Grâce à la persévérance d’hébergeurs et d’avocats on a pu retrouver leur trace (oui ils étaient bel et bien au centre!) et un recours a été introduit dans les temps pour la majorité d’entre eux….
Témoignages:
Quelques témoignages parmi d’autres qui nous arrivent des centres fermés sur la violence utilisée lors des enfermements et expulsions sur des sans papiers ou demandeurs d’asile :
Témoignage 1 : Un homme enfermé au centre fermé de Vottem nous raconte : « Ils sont venus le chercher pour le mettre au cachot pour une première tentative d’expulsion. Il n’avait pas été prévenu et n’a pu prévenir personne. Il était assez confiant puisqu’il avait été libéré pour la 3ème fois par le tribunal. Le lendemain matin une dizaine de policiers sont venus le chercher dans son cachot, l’ont ligoté et amené à l’aéroport. Il a été expulsé sous contrainte vers son pays d’origine. »
Témoignage 2 :
« J’ai été amené à mon ambassade pour obtenir un laissez passer en vue de mon expulsion. L’ambassade a refusé. Suite à cela l’office a pris rendez-vous dans trois autres ambassades : le Cameroun, Centrafrique, Burkina Faso. Ils veulent vraiment se débarrasser de moi ! »
Témoignage 3 :
On a reçu plusieurs témoignages de codétenus dans le centre fermé Caricole au sujet de l’expulsion d’une femme :
« L’AS est venue lui dire tu prends tes affaires et tu pars à l’aéroport »
« C’était sa première tentative et elle n’avait pas été prévenue »
« On l’a isolée la nuit pour lui faire respirer un gaz dans son sommeil pour qu’elle ne proteste pas lors de son expulsion » ( à confirmer)
L’avocate était stupéfiée qu’ils aient osé l’expulser ainsi. Elle compte faire un recours à la CEDH (Cour européenne des droits de l’homme).
Face à la répression et à la machine à déporter : organisons-nous contre l’état et les frontières !
Face à un état qui rafle, déporte et réprime : organisons nous !
Video et témoignage d’une rafle à la gare d’Ottignie ce 17/12/2018 et arrestation du témoin: VIDEO
“Soirée du 17 décembre 2018 : j’ai pris le train à Bruxelles (départ à 18h56 gare de Luxembourg) ce lundi soir pour me rendre à Gembloux. Arrivé à Ottignies vers 19h15, le train s’arrête plus longtemps que prévu. Curieux, je relève ma tête de mon téléphone et j’aperçois une personne typée ‘Afrique de l’Est’ tenue au bras par un policier. Je regarde sur le quai et je constate que des policiers sont en train de descendre du train de nombreuses personnes, majoritairement des mineurs, le sac de couchage sous le bras et l’air apeuré, apparemment tous sans papiers.
Je demande ce qu’il se passe au policier, qui me répond agressivement « cela ne vous regarde pas ». Je commence à filmer la scène et peu de temps après, le contrôleur vient vers moi. Il nous insulte moi et un autre passager : « tu fermes ta gueule », « connard », « sale gauchiste va », dit « je travaille, je suis Belge, MOI », et me menace à plusieurs reprises : « je te pète ta gueule », si je n’arrête pas de filmer. Je me déplace vers l’avant du wagon afin d’avoir une meilleure prise sur la scène.
Un policier me demande d’arrêter de filmer, me stipulant que je n’ai pas le droit de filmer l’opération. Je lui rappelle qu’on a le droit de filmer les opérations policières. Le policier me confisque alors mon GSM et, sans m’avoir demandé préalablement de quitter le wagon, me descend violemment du train en m’étranglant à la gorge. Il me passe les menottes en me planquant contre le mur et m’annonce que je suis en état d’arrestation. Je conteste le caractère abusif de l’arrestation et demande les motifs, il ne me les donne pas.
Il me répond alors « Ils ne payent pas leurs impôts, ils viennent ici pour nous voler notre argent, c’est vous qui avez tort de vouloir les laisser libre ».
Je conteste ses propos en lui disant qu’il n’a pas à donner son avis politique durant ses fonctions, je redemande à être libéré et réitère la question pour comprendre les motifs de mon arrestation. Il m’empoigne alors et me met face au chien policier en me menaçant de me jeter sur le chien si je continue à poser des questions. Il me plaque à nouveau contre le mur et il me menace de me casser la figure si je continue à me faire remarquer.
Dans le même temps, les autres policiers s’occupaient des migrants. Certains s’étaient encourus sur les voies, profitant de la distraction de mon arrestation pour s’enfuir. Les policiers s’interrogeaient pour savoir s’ils allaient les rattraper, et le chef répond alors « non, c’est bon, on en a déjà un bon paquet ». Les policiers criaient aux migrants qui étaient toujours arrêtés avec des phrases du type, je cite : « Tous en ligne les mains contre le mur, on appelle ça la méthode Gestapo ici, vous n’avez pas connu ça, hein, dans votre pays ? ». Je suis ensuite mis dans un fourgon et emmené au commissariat d’Ottignies-Louvain-La-Neuve, et je passe une bonne heure en cellule. Ils refusent de me donner une feuille détaillant mes droits, ils refusent de me donner à boire et à manger. Ils refusent que je passe un coup de fil à un proche et appellent eux mêmes chez moi pour signaler que je suis en garde à vue pour trouble à l’ordre public dans des circonstances impliquant des migrants, sans donner plus de détails.
Après une heure, moi toujours sous état de choc, ils me font signer une fiche d’arrestation administrative dans laquelle, si je me souviens bien, il est indiqué que j’ai été arrêté pour trouble à l’ordre public.
Je subis également des menaces comme quoi ils alourdiraient mon PV en y ajoutant « calomnies et diffamation » si je sortais dans la presse ou si je portais plainte au comité P. À 20H30 je suis libéré, sous le choc de ce qui vient de m’arriver.
“.
Ce contenu a été publié dans
Nouvelles des centres,
Politique migratoire,
Témoignages, avec comme mot(s)-clé(s)
arrestations,
Expulsion,
témoignage. Vous pouvez le mettre en favoris avec
ce permalien.