Silence, on torture !

« Ici, il n’est plus question de centre fermé pour illégaux. Il est question de prisons, de tortures et de détentions illégales »

14/09/2016
Depuis plus d’un an, Théo Francken déclare à grands coups médiatiques qu’il expulse « les criminels sans papiers ».

Dans les centres, où ils sont souvent rassemblés, la répression est impressionnante face à des détenus qui crient à l’injustice, qui souvent « ne comprennent pas », qui jugent qu’ils ont payé pour leur délits et qu’ils ont le droit de rester dans un pays où ils vivent depuis 10, 20, parfois 30 ans, àù ils ont famille, enfants et amis qu’ils ne veulent pas quitter. Ils sont très solidaires avec des codétenus déclarés criminels sans raison, avec d’autres qui ont des enfants ici, avec d’autres encore dont l’arrestation est « illégale »

Quelques cas de figure :
Hamid (nom d’emprunt) était enfant quand il est arrivé en Belgique avec ses parents. Entre 18 et 20 ans, il a été condamné à 2 reprises. Avec quelques amis, ils ont fait la fête et, en fin de soirée, complètement bourrés , ils ont volé un sac, puis un portefeuille.
« Durant cette période, on ne pensait qu’à l’argent que nous n’avions pas et que d’autres avaient à profusion ».
A sa sortie de prison, il comprend qu’il faut qu’il reprenne une voie autorisée et décide de trouver des amis plus sérieux. Il mène une vie normale, travaille et ne boit plus. Un jour, il est convoqué au commissariat : on lui fait signer un document disant qu’il est prêt à retourner dans son pays et la police découpe sa carte d’identité et la jette à la poubelle. Quelques mois plus tard, lors d’un contrôle, il se fait arrêter en tant que sans papiers et est emmené en centre fermé ! Il a 23 ans. SON CRIME : avoir à un moment donné dévié de nos normes sans trop réfléchir.

Un monsieur somalien, en Belgique depuis 2010, fait un mois de prison. De la prison, il est amené au centre fermé de Bruges en vue d’une expulsion vers la Somalie. Il y passe plus de 8 mois avant d’être libéré. Le combi du centre le dépose à la gare de Bruges (Merci !) puis 10 minutes plus tard la police le contrôle sur le quai : il est amené au commissariat et enfermé au centre Caricole, toujours dans le but d’être renvoyé en Somalie. SON CRIME : être inexpulsable.

Un homme est accusé d’un vol et arrêté. Il passe quelque jours en prison, puis est libéré car innocenté par la chambre du conseil pour les faits qu’on lui reproche… Mais la police est devant la prison et l’attend pour l’emmener dans un centre fermé, vu ses « antécédents judiciaires ». Il y passe 4 mois puis est transféré dans un autre centre pour raison disciplinaire : en effet il n’hésite pas à faire des remarques quand il est témoin d’injustices. Il en fait ainsi 13, toujours de façon calme. Il semble que c’est le nombre qui mérite le cachot et un transfert ! Il a reçu 2 tickets d’expulsion, chaque fois annulés car son « pays d’origine » ne délivre pas de laissez-passer. Il vit chez nous depuis 22 ans et a tous ses amis et sa famille ici. SON CRIME : une plainte en cours qu’il a déposée contre des violences policières !
Paroles de prisonniers

« Je veux bien payer si j’ai fait du « pas bien ». Mais ici je suis enfermé pour n’avoir rien fait ! »

Un jeune « de Molenbeek » en centre fermé
« Je suis arrivé ici avec mes parents. J’étais un enfant. J’ai tout fait pour m’intégrer mais c’est vous qui n’avez pas voulu m’intégrer. Alors, j’ai fait autrement pour pouvoir vivre ma vie. »

« On est là, on comprend pas. »

« Arrêtez de parler de démocratie et des droits de l’homme. Cela n’existe plus chez vous. On n’a plus de droit de parole, on n’a plus le droit de dire la vérité »

« Ici, il n’est plus question de centre fermé. Il est question de torture et de détentions illégales »

« J’ai parfois peur, ici, de dire des choses, de dire la vérité car cela va me retomber dessus. »

Un jeune Afghan enfermé depuis 10 mois

« It is crazy !!!!»

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