Le silence inquiétant d’un homme en centre fermé

6 novembre 2024

Pendant à peu près 22 jours, nous avons perdu contact avec M., une personne détenue, qui venait d’entamer une grève de la faim en protestation à son enfermement. Son téléphone semble avoir été confisqué et ni sa famille, et ni son avocat ont eu de contact avec lui depuis. Il a des enfants en Belgique et sa femme est actuellement enceinte. 

Lors de son arrestation, M. avait d’abord été emmené au centre fermé 127bis. Il a subi deux tentatives d’expulsion pour lesquelles il a réussi à résister. Ensuite, le 15 octobre 2024, il a été transféré au centre fermé de Vottem où il a entamé une grève de la faim. C’est depuis ce moment qu’il n’est plus joignable, ni par téléphone ni pour des visites. 

Ce samedi 2 novembre, M. a à nouveau été transféré, cette fois vers le centre fermé de Merksplas, où il est mis en isolation. D’après des co-détenus à Vottem, qui nous ont informé de la situation, son état de santé était déplorable lors de son transfert. Son silence est inquiétant, ses proches nous disent : “Et s’il était mort ? On ne va rien nous dire ?”.

Comment est-ce possible que ni sa famille, ni son avocat n’aient de nouvelles depuis aussi longtemps ?

Comment est-ce possible qu’on interdise à une personne tout contact avec son avocat et sa famille ?

Hier, ce mardi 5 novembre, l’avocat reçoit enfin des nouvelles. On lui dit que son client est libéré, et transféré à l’hôpital “sur demande du médecin du centre pour des examens complémentaires”.

Il nous semble fort probable que M. soit gravement malade, et que les centres aient tout fait pour cacher son état en l’empêchant de communiquer avec sa famille et son avocat. 

Nous espérons que M. va se remettre, et qu’il ne présentera pas de séquelles psychologiques ou physiques suite à son isolation prolongée et au manque de soins adéquats.

L’isolation d’un homme en détresse fait partie d’un ensemble de stratégies mises en place par l’Office des Étrangers pour réduire toute possibilité de résistance de la part des détenu·es. Cela fait partie d’un système répressif, qui veut expulser coûte que coûte toute personne qui n’aurait “pas les bons papiers” pour vivre en Belgique. 

Soutien à M., et à toutes les autres personnes enfermées.

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