Écouter le témoignage :
17 Janvier 2011 – Témoignage par téléphone d’un détenu du centre fermé de Zaventem.
D’abord je voudrais dire, à propos des centres fermés, parce que c’est la première fois que j’y entre mais j’en avais déjà entendu parler. Une chose qui est vraiment désolante, pour nous les étrangers qui sommes ici, c’est que la plupart ont envie de s’intégrer. La plupart ont fait des papiers pour être régularisés, et on les a arrêtés avec ça. Beaucoup des gens qui sont ici, c’est à cause de la demande de régularisation qu’ils ont introduit qui s’est retournée contre eux-même.
Donc on est un peu désolé, parce que nous voyons qu’en Belgique, par exemple, il y a beaucoup de sans-abris, il y a beaucoup de gens qui n’ont pas de toit, de foyer pour s’abriter. Et au lieu de convertir ces endroits pour accueillir tous ces gens, et de nous aider pour avoir un statut afin que nous puissions travailler et être honnêtes, ils ne veulent pas.
En plus de ça, beaucoup de gens qui sont ici ont beaucoup de problèmes dans leur pays, donc ils ne peuvent pas rentrer.
En plus, ils sont en train d’expulser beaucoup de gens ici, vraiment en masse. La nuit vous dormez et vers 5 heures du matin on vient vous arracher du lit pour vous conduire à l’aéroport. De force, ils vont vous affamer là-bas, pour que vous soyez faible. Après il y a une escorte d’au moins 10 policiers qui vous scotchent, pour vous mettre dans les avions.
Ici nous vivons toujours sur le qui-vive, tu ne sais pas si tu dois fermer l’oeil ou pas. Y’a beaucoup de gens ici qui ont commencé des grèves de la faim, certains en sont déjà à 21 jours, ils sont vraiment très abattus physiquement et moralement, mais les autorités ne les regardent même pas.
Même si tu tombes malade, ils te disent : “vous faites semblant pour qu’on vous libère, on ne peut pas vous libérer”. Et les agents tantôt ils sont bien, tantôt… donc c’est vraiment très difficile quoi.
Ici à Vottem il y a 4 ailes. Par aile il y a plus ou moins 30 ou 40 détenus. Dans notre aile, il y a au moins 5 personnes qui sont en grève de faim. C’est vraiment très difficile la situation qu’on est en train de vivre !
C’est vraiment de la prison, même pire que la prison. Parce que les gens qui sont en prison, des fois on les libère, ils savent le nombre de jours qu’ils font et quand ils vont sortir. Mais ici, eux-même ils disent que c’est une salle d’attente, on est là juste pour attendre qu’ils puissent nous expulser là où bon leur semble.
Et il y a un autre problème que je voulais préciser, on a vraiment un problème avec les ambassades, surtout les ambassades africaines, qui sont en train de délivrer les laisser passer facilement aux autorités belges, sans pourtant se rendre compte des situations des gens qu’ils sont en train de renvoyer dans leur pays. Surtout j’attire l’attention sur l’ambassade du Congo. On voit qu’ils sont en train d’expédier les laisser-passer pour renvoyer les congolais chez eux, avec vraiment beaucoup de légèreté.
Donc je ne sais pas s’ils sont corrompus par l’office des étrangers ou les autorités belges pour délivrer les laisser-passer, mais c’est vraiment déplorable.
Il y a des gens qui sont encore en procédure ici, mais les ambassades délivrent des laisser-passer pour renvoyer ces gens là dans leur pays, même s’ils savent qu’ils auront des problèmes en arrivant.
Des fois ils n’ont pas de preuve pour expulser la personne, donc ils vont chercher un motif pour prolonger la détention de la personne de 2 mois.
Les gens vivent sur le qui-vive ici, on ne sait pas fermer l’oeil, à chaque fois qu’on vous appelle pour aller soit disant à l’hôpital, soit disant chez l’assistante sociale, il y a les gardiens qui sont là pour vous arrêter. Ils vous mettent au cachot pendant quelques heures ou pendant une journée, et après ils vous conduisent à l’aéroport par la force pour être expulsé.
Voilà. Mais ce qu’on déplore vraiment, c’est qu’on a suivit ce que Mr Whatelet nous a dit de faire, pour avoir la régularisation et avoir les papiers qui prouvent que l’on vit en Belgique et qu’on l’on est de telle nationalité… et c’est le même papier qui sert aussi d’arme contre nous.
La plupart des personnes qui sont ici étaient pour le parti de Mr Whatelet parce qu’il avait prit beaucoup d’engagements vis-à-vis des étrangers, mais au moment où il est arrivé au gouvernement, il a fait la même chose que Mme Turtelboom avant, et expulser les gens, il le fait même mieux qu’elle.
– Ok, et bien merci beaucoup.
– Ok, merci madame.
– A bientôt
– Au revoir.