22 Janvier 2011 – Témoignage recueilli via un visiteur dans le centre fermé
J’ai 41 ans, je suis marié et j’ai trois enfants. Nous vivions dans un village occupé par Israël en Palestine. J’avais du travail, de l’argent, le problème était ma situation en tant que minorité arabo-palestinienne. C’était insoutenable ! Beaucoup de mes amis sont partis du village. J’ai décidé de partir et d’aller en Angleterre ou en Norvège. Là, je connais quelqu’un, j’aurais pu m’y installer et ensuite faire venir ma famille.
J’ai payé beaucoup pour arriver en Belgique, c’était une longue route, difficile. En bateau jusqu’en Italie, puis six jours de voyage avec des voitures différentes.
J’étais depuis deux jours en Belgique quand j’ai été arrêté pour un contrôle. Et voilà plus de deux mois que je suis détenu en centre fermé.
Ici, on est traité comme des animaux, les gens qui y travaillent ne sont pas des êtres humains.
Il y a beaucoup de tentatives de suicide, on subit une torture morale. Les gardiens changent souvent. Pour tous les problèmes de santé, les médecins donnent de l’aspirine et des calmants. J’avais très mal aux dents et mon compagnon de cellule souffrait de calculs aux reins : on nous a donné de l’aspirine, rien d’autre.
L’autre jour, un réfugié a cassé une fenêtre pendant la nuit et a tenté de s’échapper. Je ne sais pas s’il a réussi mais les gardiens nous ont tous fait sortir dans la cour, il faisait très froid, il était 2h30 dans la nuit.
Je pensais que la Belgique était le pays des libertés, de la démocratie, des droits de l’homme, mais hélas c’est le contraire que j’ai trouvé. Le peuple belge est un peuple brave, gentil, mais les actions de son gouvernement ne reflètent pas la nature de ce peuple. Avant d’arriver en Belgique, je croyais que celle-ci soutenait la cause palestinienne mais les comportements que j’ai subi ne reflètent pas ça.
Je voudrais être libéré et pouvoir continuer ma route vers la Norvège. Si ce n’est pas possible, je souhaite retourner en territoire palestinien occupé, auprès de ma femme et de mes enfants. Je préfère encore retourner dans cet enfer plutôt que de rester emprisonné dans ce centre de rétention.